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Acta Comportamentalia
versão impressa ISSN 0188-8145
Acta comport. v.15 n.spe Guadalajara 2007
Théorie des cadres relationnels (R.F.T.) et thérapie par l'acceptation et l'engagement (A.C.T.): couturiers de l'empereur ou chevaliers du Graal?
Relational frame theory (R.F.T.) and acceptance and commitment therapy (A.C.T.): emperor's tailors or knights of the holy Grail?
Cédric P. Routier*
Equipe C.-S.I.S. (I.S.T.C., Lille; GH.-I.C.L.; I.C.L.)
RÉSUMÉ
Théorie des Cadres Relationnels (Hayes, Barnes-Holmes et Roche, 2001) et Thérapie par l'Acceptation et l'Engagement (Hayes, Strosahl et Wilson, 1999) sont les deux versants d'une même proposition récente en matière d'analyse de la cognïtion et du langage humains : le premier analyse et explique les phénomènes concernés sur un plan théorique, fournissant un arrière-plan dans lequel le second vient plonger ses racines pour mieux développer des pratiques propres. Les auteurs insistent à la fois sur leur ancrage néo-béhavioriste, inspiré de Kantor et de Skinner, et sur leur capacité à appréhender des domaines jusqu'ici investis par les modèles cognitivistes : nous nous interrogeons sur la légitimité de certaines de leurs prétentions. Nous évoquons la parenté de leur insistance sur le rôle du contexte avec celle d'auteurs approchant la communication comme un processus. Nous relevons également l'attachement de Hayes et ses collaborateurs à certains principes forts de l'analyse des comportements. Nous soulignons enfin les promesses, mais aussi les dangers, des choix conceptuels des auteurs et concluons par deux métaphores complémentaires, annoncées par notre titre.
Mots-clefs: R.F.T.; A.C.T.; S.C. Hayes; Langage; Cognition; Communication.
ABSTRACT
Relational Frame Theory (Hayes, Barnes-Holmes et Roche, 2001) and Acceptance and Commitment Therapy (Hayes, Strosahl et Wilson, 1999) are the two sides of a récent proposition about human language and cognïtion analysis: Relational Frame Theory analyses and explains the phenomena of interest on a theoretical ground, offering a framework to Acceptance and Commitment Therapy, the clinical side, and thus affording it to better develop its practîcal implications. The authors insist both on their neobehaviorist roots, inspired as they are by Kantor and Skinner, and on their ability to cope with areas that were previously investigated mostly by cognitivists models: we question the legitimacy of some of their claims. We evoke their insistence on the rôle of context, a feature similar to others authors that consider communication as a process too. We also underline that Hayes and colleagues are nevertheless strong proponents of some main principles of behavior analysis. We conclude by mentioning the promises but aiso the dangers of the authors' conceptual choices, and use two metaphoric taies (Andersen's Emperor's New Suit and that of the famous Knights of the Holy Grail) to illustrate some of our gênerai conclusions.
En 1999 paraît un ouvrage se voulant synthèse et force de proposition : Acceptance and Commitment Therapy (Hayes, Strosahl et Wilson, 1999), avec pour sous-titre : An Experiential Approach to Behavior Change. Soit littéralement : « la thérapie par l'acceptation et l'engagement, une approche expérientielle de la modification du comportement » (approche désignée A.C.T. pour la suite de l'article). Condensé des travaux cliniques de Steven Hayes et ses collègues, l'ouvrage est rapidement suivi d'une seconde exposition de leur position, nettement plus ancrée dans le modèle théorique et les travaux expérimentaux qu'ils proposent comme fondements de cette élaboration clinique : Relational Frame Theory, a Post-Skinnerian Account of Human Language and Cognition (Hayes, Barnes-Holmes et Roche, 2001) ; soit l'exposé et la justification des principes d'une «théorie des cadres relationnels», un «compte-rendu post-skinnérien du langage et de la cognition humains » (position désignée R.F.T. ci-après). Si les deux entreprises sont à rapprocher, au-delà de l'évidence qu'est l'identité de leur auteur et acteur principal, c'est que le second ouvrage résume et élabore vingt-cinq années de travaux expérimentaux et de réflexions théoriques1, une évolution ayant conduit parallèlement à la naissance d'une conception clinique présentée dans le premier des deux ouvrages parus. Autre influence majeure du modèle clinique qu'Hayes et ses collègues développeront, que l'on trouve en bonne place de leur ouvrage de 1999 : une certaine approche de la conscience et de ses troubles, orientalisante, d'inspiration bouddhiste, aujourd'hui nettement représentée dans le champ des thérapies cognitivo-comportementales par les thérapies dites « de pleine conscience » (« mindfulness »). Des auteurs particulièrement représentatifs de cette dernière tendance (Kabat-Zinn et Linehan, pour ne citer qu'eux) sont ainsi très tôt mentionnés par Hayes et al (1999) comme sources d'inspiration.
Deux parutions particulièrement ambitieuses dans leur propos, comme par leurs objectifs : leur intention n'est, ni plus ni moins, que de convaincre les communautés des analystes du comportement, des chercheurs cognitivistes et des cliniciens (notamment cognitivo-comportementalistes) que l'unification des savoirs et des pratiques (« l'intégration », pour employer une expression plus en vogue) est désormais possible et, pour ainsi dire, à portée de main : celle des hommes de bonne volonté... qui se laisseront convaincre par la lecture des phénomènes psychologiques qui nous est ici proposée. Les leviers de cet œcuménisme -qui, précisons-le d'emblée, se veut éclairé d'une tradition expérimentale ferme et n'a rien d'un éclectisme au petit bonheur- sont volontairement indiqués dès le titre des ouvrages : dépasser l'analyse skinnérienne traditionnelle des phénomènes langagiers et cognitifs ; mtroduire l'acceptation plutôt que la confrontation dans les situations cliniques ; parvenir à changer ces situations à travers l'implication dans l'action ; et ce par l'introduction, au sein du processus thérapeutique, de la subjectivité des expériences vécues (émotionnelle en particulier). Pour le dire autrement, nous sommes donc confrontés au pari d'aborder les domaines de la cognition et des activités de langage, d'un point de vue théorique et psychopathologique, en intégrant cette dimension fuyante qu'est « traditionnellement » l'expérience d'un sujet, pour expliquer l'ensemble du comportement d'une personne et ses dérives ; le tout devant se concrétiser dans une filiation affirmée avec le béhaviorisme skinnérien, mais réalisant son dépassement2. Le qualificatif d'ambitieux s'applique définitivement, semble-t-il, aux propos et objectifs des auteurs.
Car les deux points centraux autour desquels gravitent RFT et ACT : rendre compte avec cohérence, pertinence et fécondité, de « l'esprit » et du « langage » ; unir sous la bannière d'un béhaviorisme contemporain, des traditions historiquement peu amènes Tune envers l'autre, ces deux points centraux ont été historiquement les pierres d'achoppement du débat scientifique au siècle dernier en psychologie. Si les tentatives similaires n' ont pas manqué -celles d'amener un béhaviorisme sophistiqué à envisager voire expliquer la « notion d'esprit » et le langage (à commencer par celles de Skinner et Kantor)- la perception de la psychologie scientifique par elle-même révèle surtout le consensus encore massif en faveur d'une dissolution du comportementalisme dans le cognitivisme rayonnant...Hormis pour quelques indécrottables persistant à recourir aux concepts surannés que sont, par exemple : répondant, opérant, programmes et contingences de renforcement, dans 1 ' explication du comportement humain -dans toutes ses dimensions s'entend. Qu'espèrent dès lors Hayes et ses collaborateurs, à franchir aussi manifestement le Rubicon des « activités supérieures complexes » et s'arroger des prétentions, béhavioristes de surcroît, sur les chasses gardées de modèles autrement plus profonds?3 Considérons à l'inverse la chose avec les yeux des quelques indécrottables (tout de même encore plusieurs milliers) mentionnés plus haut : leur entreprise ne tiendrait-elle pas d'une habile, mais conceptuellement fragile, campagne de persuasion à propos de la justesse de leur point de vue? Ou seraient-ils au contraire parvenus à leurs fins, ouvrant dans ce cas des perspectives d'analyses, de protocoles et d'évolutions inespérés?
Ces interrogations en tête, nous tenterons d'examiner dans quelle mesure il est possible d'y répondre. Elles énoncent plus formellement ce que notre titre augure avec une pointe d'ironie ; nous reviendrons, en conclusion, sur les éléments à retenir des deux contes auxquels nous faisons allusion dans ce titre. Mais commençons par préciser ce que cet article n'est pas.
CE QUE CET ARTICLE N'EST PAS.
Quoique nous fassions explicitement référence, pour leurs dimensions métaphoriques, à la quête du Saint Graal et au conte d'Andersen, précisons avant tout que l'enjeu n' est pas, ici, d'écrire une fable psychologique ou un conte de fée moderne pour initiés. Ni, plus sérieusement, de tourner en ridicule une position théorique conceptuellement innovante, et faisant l'effort de chercher à subsumer un corpus entier de recherches autour de la problématique de l'équivalence du stimulus, sous la structure d'une théorie susceptible d'être ensuite testée, infirmée, développée et surtout: heuristique4.
Seconde confusion que nous souhaitons lever : nous ne dresserons pas non plus ici une revue de détail, exhaustive, de la littérature scientifique publiée sur la question, ou des critiques tant positives que négative suscitées par l'A.C.T. et la R.F.T. (voir pour illustration : Burgos, 2003 ; Mcllvane, 2003; Osborne, 2003; Salzinger, 2003; Spradlin, 2003 ; Tonneau, 2001, 2002, 2004). Nous laissons également à d'autres le recensement précis de l'intégralité des travaux de Hayes lui-même et de ses collaborateurs, mais aussi de tous ceux qui choisissent d'appliquer et tester leurs propositions, dont la fréquence est réelle et les contenus diversifiés (le récent C.I.E.C., en 2006, en comptabilisait ainsi 22, en ne relevant que les allusions directes à la R.F.T. ou l'A.C.T., soit 6% du total des communications). Pour peu que l'on élargisse le décompte aux travaux portant sur la pleine conscience5, on se trouve confronté à une masse impressionnante de résultats et réflexions, dont le dépouillement fouillé dépasserait les prétentions du présent article. Nous nous satisferons de « morceaux choisis » pour accompagner le lecteur, que nous invitons à poursuivre ensuite pour lui-même la réflexion ici cristallisée et à juger sur pièces.
Troisième type de démarche contre laquelle nous nous inscrivons (bien que sur ce point, le jugement final du lecteur prévaudra quant au degré de succès rencontré par ce dernier engagement) : présenter un plaidoyer pour ce qu'il faudrait bien reconnaître, dans le cas contraire, comme un conservatisme scientifique sclérosant. Nulle intention d'un retour aux tables d'une Loi dictée par.. .pêle-mêle : Pavlov, Watson, Kantor, Skinner et leurs exégètes ; non plus qu'au Diktat de l'irréductible dichotomie entre Comportement d'une part, et : Croyances, Pensées Dysfonctionnelles, Intentions, Cognitions froides ou chaudes (à loisir), Schémas, Scénarios, Compétences et Performances linguistiques...d'autre part. Le maintien d'un statu quo en analyse du comportement, dans ses versions expérimentales et appliquées, n'est évidemment pas un objectif souhaitable ni une perspective souhaitée : en matière de concepts comme de domaines d'investigation, les évolutions sont un indéniable atout dans l'avancée vers une analyse scientifique complète des organismes, et plus encore l'investigation des formes élaborées de comportement que les êtres humains démontrent à travers « langage et pensée » -pour aller vite. A ce titre, la réintégration des émotions et de la conscience dans le pluralisme que recouvre le néo-béhaviorisme contemporain, sous un jour distinct à la fois des explications de sens commun et des théories mentalistes, est une tendance que nous jugerons ici positive. Réintégration, puisque les pionniers que furent Watson, Kantor et Skinner n'exclurent de fait jamais l'étude de ces notions: tout au plus en proposaient-ils une lecture qui n'eut pas l'heur de rencontrer suffisamment d'écho. Sans nul doute, pour des raisons de simplification parfois excessive, confinant peut-être au réductiormisme dans les débuts ; très certainement, pour la moindre portée heuristique de leurs réflexions les plus éloignées du laboratoire (on pense en particulier à Skinner, 1957) ; mais probablement aussi, dans une proportion non négligeable, pour des raisons ayant plus à voir avec la sociologie et l'histoire des sciences qu'avec la valeur épistémologique intrinsèque de leurs propositions (voir ainsi Morris, 1995 ; Richelle, 1993 ; Todd et Morris, 1992). La tentative d'unification des champs du savoir en psychologie scientifique que dessinent Hayes et ses collaborateurs, affirmant explicitement la parenté de leurs travaux avec les cibles des théories cognitivistes (cognition et langage humains, soulignons-le encore), ne saurait donc être en soi condamnée comme déplacée, hégémoniste ni illusoire. Ces mises au point réalisées, penchons-nous maintenant sur ce qui a motivé notre réflexion : la présentation de la R.F.T. et de l'A.C.T. par leurs auteurs, et les objectifs qu'ils se donnent.
DES PRÉTENTIONS GÉNÉRALES DE HAYES ET COLLABORATEURS POUR LA R.F.T.
Les déclarations de Hayes et ses collègues, à l'endroit de la R.F.T., sont explicites : chercheurs issus de la longue file des béhavioristes américains, et fidèles à l'esprit des traditions conceptuelles de Skinner et de Kantor, ils s'en veulent les continuateurs sur des terres jusqu'ici non défrichées :
« ce livre entend annoncer, tant aux psychologues comportementaux qu 'aux autres, que cette tradition inductive, lente, fastidieuse, a maintenant les outils empiriques et conceptuels pour conduire une analyse expérimentale, virtuellement, de chaque thème important du langage et de la cognition (...) Un jour nouveau s'est levé. » (Hayes et al, 2001, p. XIT).
Chaque thème : non les seules interactions verbales concrètes et publiques, par exemple, mais aussi le contexte dans lequel elles s'inscrivent et les conditions idiosyncrasiques dans lesquelles chaque interlocuteur y contribue ; non le simple produit terminal d'une activité de résolution de problèmes, mais le processus qui y conduit ; non les circonstances spécifiques et les actions qui s'y déroulent entre individus, mais la genèse elle-même des phénomènes de langage et de cognition depuis leurs « origines » chez l'humain6. A ceux qui jugeraient saugrenu de s'ébahir encore de telles prétentions, à l'heure où psychologies cognitive et génétique ont déjà fourni de nombreuses théories sur ces thèmes, rappelons que les auteurs présents revendiquent une filiation béhavioriste forte.
L'axe expérimental et conceptuel autour duquel vont graviter leurs analyses est très vite indiqué, tout comme la perspective dans laquelle ce noyau va permettre de fonder leurs propositions :
« Dans ce livre, nous essayons de convaincre nos collègues comportemen-talistes, et d'autres intéressés, que considérer les relations dérivées entre stimuli comme le noyau central de la cognition et du langage humains est une voie médiane qui tire avantage des meilleurs aspects de la tradition comportementale, et cependant mène la psychologie comportementale vers les types de phénomènes qui réclament un compte-rendu plus fonctionnel» (Hayes et al, 2001, p. XII)
Les relations dérivées entre stimuli (« derived stimulus relations ») : le nœud expérimental d'un pan entier des analyses comportementales contemporaines, un paradigme bien établi mais dont les usages explicatifs ont été aussi divers que les explications qui lui sont fournies (voir Tonneau, 2001). Hayes et ses collaborateurs lui offrent à leur tour un rôle central : c'est sur ce pilier que reposent leurs « relational frames », ces cadres relationnels dont on verra que la définition comme classe d'opérants génère à la fois la beauté et le péril de leur théorie. Reste qu'ils affirment ainsi la perspective sur laquelle la citation précédente se clôt : une approche fonctionnelle des phénomènes, la marque s'il en est d'une filiation béhavioriste -tendance Kantor/ Skinner.
La R.F.T. n'a cependant pas pour seul but d'unifier uniquement les sympathisants de ladite filiation, voire l'ensemble des convaincus de l'utilité d'une analyse des comportements qui s'en tienne aux contingences de comportement. La volonté explicite est de faire lien avec le meilleur de la tradition cognitiviste, de dépasser les cloisonnements pour rallier également les chercheurs avides d'une explication moniste des activités humaines complexes :
« Le défi que ce livre propose à ceux qui se situent hors de la psychologie comportementale est plus complexe. La nécessité d'une analyse pragmatique utile du langage et de la cognition est immense. Ceux qui se sont penchés sur la pensée comportementale il y a de cela des années et s'en sont retournés insatisfaits pourraient juger utile d'y revenir », et plus loin « les phénomènes englobés par la RFT sont au coeur de toute psychologie sérieuse du langage et de la cognition » (Hayes et al, 2001, p. xnu
En clair : avec nous disparaît l'image d'Epinal que vous autres, hors de notre tradition d'analyse, pourriez encore avoir de nos travaux ; nous disposons à présent de concepts susceptibles d'expliquer avec parcimonie et rigueur ce que la psychologie en général a poursuivi de longue date, le langage et l'esprit. Encore faut-il que ces « autres » bienveillants soient prêts à tolérer les acrobaties épistémologiques auxquelles les lecteurs de Skinner et autres béhavioristes sont accoutumés, mais que la psychologie mainstream a toujours eu des difficultés à considérer comme autre chose qu'un jeu de langage... sans grand avenir heuristique. Et ce défi-là se trouve plus nettement dans le camp de Hayes et ses collaborateurs : sur la base de résultats certes élégants et reproductibles, mais bâtis sur un corpus expérimental familier d'une communauté presque confidentielle, réussir légitimer l'acceptation des implications pour partie théoriques et très certainement philosophiques qu'ils adjoignent à ces résultats. Si l'évolution des idées en histoire des sciences s'est poursuivie depuis la formulation de Kuhn (1962/ 1983), sa notion d'incommensurabilité reste un raccourci saisissant des obstacles auxquels une telle entreprise est vouée.
Les différents objectifs que pensent remplir les tenants de la R.F.T. se trouvent finalement capturés avec concision dans cette dernière citation :
« Correctement envisagés, nous croyons que le phénomène des relations dérivées entre stimuli met en ordre la gouvernance par les règles et la spécification des contingences, aide à définir le comportement verbal et les stimuli verbaux de manière adéquate, et donne aux psychologues comportementalistes un moyen de considérer les phénomènes cognitifs dans une perspective moniste. Il lève la barrière à une approche comportementale empirique du langage humain, et cependant d'une manière qui tire le meilleur de la tradition comportementale. Plus important encore, il dessine un agenda de recherche palpitant » (Hayes et al, 2001, p.19).
Force de proposition expérimentale, condensé amélioré des travaux comportementaux antérieurs, œcuménisme thématique et conceptuel, inscription profondément naturaliste et moniste : tels sont les prétentions qui selon ces auteurs distinguent la R.F.T. comme tentative plus que prometteuse.
« La psychologie comportementale (en fait, la psychologie dans son en semble) a besoin d'un agenda alternatif pour l'étude du langage et de la cognition d'une façon directe et utile au plan pragmatique. Nous croyons que la RFT fournit un tel agenda. » (Hayes et ai, 2001, p .20).
DES PRÉTENTIONS GÉNÉRALES DE HAYES ET COLLABORATEURS POUR L'A.C.T.
L'acronyme A.C.T. n'est pas simplement, aux yeux des auteurs, un raccourci commode composé des initiales de l'Acceptance and Commitment Therapy. Il symbolise aussi les trois dimensions essentielles de leur proposition : accepter, choisir-et agir (Hayes et al, 1999, p.77-79). La spécificité de leur apport, leurs traits caractéristiques se situent dans cette importation d'une focalisation sur l'acceptation plutôt que l'évitement, au plan émotionnel ; sur le changement des choses qui peuvent l'être, et elles seules, en particulier au niveau comportemental ; et sur l'engagement dans l'action délibérée au contact du monde, plutôt que sur notre construction verbale de ce monde.
En effet, rejoignant en cela l'objet central de la R.F.T., les auteurs considèrent le langage comme source majeure des troubles psychopathologiques. Tant la sphère émotionnelle que cognitive seront perturbées du fait des propriétés mêmes du langage, en particulier dans l'analyse que Hayes et ses collaborateurs en proposent Et pour cause : leur définition de l'esprit comme un ensemble de fonctions verbales, d'activités privées et publiques (Hayes et al, 1999, p.49) place leur analyse en termes de cadres et réseaux relationnels au cœur de notre psychologie. L'appui sur la R.F.T. est donc capital au modèle psychopathologique que T A.C.T. entend proposer, le langage y étant considéré à la fois comme atout et malédiction : la souffrance y est conçue comme expérience de base de toute vie humaine (une conception que les auteurs induisent de romniprésence des troubles psychologiques, à différents degrés, dans la population générale) et s'explique par
« l'hypothèse de normalité destructrice : l'idée que des processus psychologiques humains ordinaires peuvent d'eux-mêmes conduire à des résultats extrêmement destructeurs et dysfonctionnels, et peuvent amplifier ou exacerber des processus pathologiques inhabituels » (Hayes et al, 1999, p.6 et p.11)
En matière de langage, « le ver est dans le fruit », serait-on tenté de conclure. Avec de surcroît, comme la R.F.T. le développe de façon plus générale, une emprise des processus verbaux fonctionnels sur l'ensemble des autres activités humaines. Très tôt, sont discutées les notions d'activité symbolique (Hayes et al, 1999, pli) et de signification (Hayes et al, 1999, p.48), une attitude marquant là encore le souci d'ancrer l'approche thérapeutique, quoique d'inspiration néobéhavioriste manifeste, dans un dialogue avec des pratiques nettement cognitives. L'ouverture aux courants spiritual istes, notamment les travaux portant sur les méditations Zen et de « pleine conscience », ajoute à une impression de patchwork peu coutumière des approches comportementales. Il n'est pourtant pas question de limiter l'A.C.T. à une collection de « techniques » bigarrée, que les tenants d'une psychologie « intégrative » auraient tôt fait d'extraire deJeur contexte (maître mot comme on le verra) :
« A moins d'approcher la thérapie comme un exercice esthétique, l'éclectisme est la seule chose qui fasse grand sens au niveau de la technique (...) Mais considérer l'A.C.T. uniquement au niveau de la technique limite sa valeur potentielle et passe à côté du point majeur (...) L'ÀCT-thérapeute efficace utilise l'A.C.T. commefonctionnellement définie, pas simplement comme topographiquement définie. On peut le dire d'une autre façon. L'ACT-thérapeute efficace doit pratiquer l'A.C.T. d'une manière qui soit consistante avec sa théorie et sa philosophie, pas d'une manière mécaniquement consistante avec ses procédures en soi (...) [L'A.C.T] intègre diverses idées dans un cadre de pensée théorique et philosophique cohérent et innovateur (...) Elle fournit également une théorie et une philosophie sous-jacentes de la condition humaine » (Hayes et al, 1999, p.15-16).
Et c'est sans doute sur ce terrain, à nouveau, que les praticiens sympathisants d'un cognitivo-comportementalisme plus traditionnel auront du mal à suivre les auteurs. Les distinctions proposées entre, par exemple : pensées et cognitions comme réalités en soi, contre classes d'opérants relationnels « intériorisés », pourraient paraître ténues, voire spécieuses, au lecteur soucieux du caractère pratique des distinctions. Un lecteur d'ordinaire prompt à agglomérer le discours des auteurs avec une lecture mentaliste et plus commune de la psychologie « spirituelle » : quelle différence l'A.C.T, peut-elle faire à ses yeux, dès lors?
Deux spécificités, qui achèvent ce tableau sommaire, fournissent peut-être un embryon de réponse. D'abord le lien très fort, voulu et appuyé, entre l'A.C.T. et la pratique scientifique, expérimentale, des auteurs. La R.F.T. tient, on l'aura compris, une place de choix dans l'introduction des soubassements théoriques de la thérapie. Cette inscription dans une tradition de respect des canons habituels de la pratique scientifique trahit les origines néobéhavioristes des auteurs : bon sang ne saurait, sur ce point, mentir. De même, l'affirmation en divers endroits d'un pragmatisme résolu, tant pratique qu'épistémologique, est en droite ligne des écrits d'un Peirce, d'un Dewey et d'un James dont la parenté avec la pensée béhavioriste du siècle dernier a été largement explorée (voir par exemple Day, 1976/1992 ; Moore, 1996 ; Moxley, 2001, 2002a, 2002b, 2004 ; O'Donnell, 1985).
Ensuite, l'A.C.T. tente, selon ses auteurs, de « dénouer (les) noeuds verbaux en relâchant les liens du langage lui-même », en centrant la pratique sur les « fonctions psychologiques » d'« événements verbaux divers », fonctions acquises « via leur participation dans des cadres relationnels avec d'autres événements » (Hayes et al, 1999, p.48). La définition d'un événement verbal y est inféodée à la R.F.T. : « un événement verbal est simplement celui qui tire ses fonctions psychologiques de sa participation à un cadre relationnel » (Hayes et al, 1999, p.42). Nous voici donc, là encore, confrontés à des prétentions qui imprègnent fortement l'identité de l'approche d'ensemble proposée par Hayes et ses collaborateurs. Avoir si cette spécificité suffira à les adouber chevaliers d'une évolution attendue.
UNE MISE EN PERSPECTIVE DE L'APPROCHE « RELATIONNELLE »...
Trois notions méritent que l'on s'y attarde, étant donné à la fois leur caractère central pour le tandem R.F.T./A.C.T., et les portes qu'elles ouvrent sur une tradition intellectuelle distincte : celles de « contexte », de « cadre » (« frame »), et celle de l'opérant verbal conçu comme classe générique et fonctionnelle. A travers elles, nous soulignerons le rapprochement possible et évocateur avec la réflexion développée par des auteurs comme Bateson, Birdwhistell ou Goffinan : références majeures des analyses modernes en sciences de la communication, leurs travaux n'admettent pas non plus pour référence univoque et monolithique, un modèle cognitif général du fonctionnement humain. Leurs analyses ne sont pourtant pas, à proprement parler, strictement comportementales. A propos du langage comme du détail des interactions humaines, il se dégage ainsi une parenté troublante, dans leurs intérêts et leurs conceptions, avec les propositions de Hayes et de ses collaborateurs.
L'insistance sur le rôle du contexte dans lequel s'inscrit l'action, et son analyse, définissent les racines mêmes de l'approche de ces derniers : le contextualisme fonctionnel (Hayes et al, 1999, p. 18-24 ; 2001, p.6-7). Celui-ci s'apparente au pragmatisme rencontré en philosophie, sans pour autant le dupliquer. Il prend pour unité analytique l'acte en situation et insiste sur : la prise en compte de l'événement intégral ; le rôle du contexte de l'action dans sa compréhension et son interprétation (point essentiel, notamment, de l'action thérapeutique) ; le recours à un critère de vérité pragmatique, qui subordonne la validité de l'action à des objectifs spécifiques, situés dans le temps et le contexte, et appropriés à l'individu en situation ; une identification claire, par des formulations verbales explicites, de ces objectifs, à des fins d'analyse, afin d'évaluer le succès des actions entreprises -une spécification dont la nécessité découle de la relativité du critère de vérité à l'individu concerné et la situation considérée. Cette contextualisation, les auteurs ont tôt fait de le signaler, se rapporte ultimement à l'environnement « extérieur » de l'individu : d'une façon ou d'une autre, l'analyse bien menée doit y revenir. L'efficacité passe par l'analyse puis la manipulation du « monde au-delà du comportement », et « pour influencer l'action d'autrui, l'on doit ainsi manipuler son contexte » (Hayes et al, 2001, p.7). Cette affirmation de la primauté du contexte sur l'ensemble de la réflexion présentée est poussée très loin, puisque l'A.C.T. est fondamentalement considérée comme « une thérapie contextuelle en ce qu'elle tente d'altérer le contexte verbal/social plutôt que la forme ou le contenu du comportement cliniquement pertinent » (Hayes et al, 1999, p. 19). Une conviction de l'efficacité supérieure d'une modification du contexte social, verbal, qui s'assoit bien sûr sur le principe central d'une relativité de l'action à son contexte. Nous trouvons donc au cœur des préoccupations des auteurs, le souci de tenir compte d'une situation totale, « intégrée », envisagée sous toutes ses dimensions : individuelles et collectives ; psychologiques et sociales ; verbales et non verbales.
De leur côté, qu'écrivent les penseurs de la communication à propos de la notion et du rôle du contexte ? Les approches de la communication entre acteurs humains se sont largement développées autour de la métaphore des systèmes, avec l'école de Palo-Alto pour centre de rayonnement principal de l'approche dite systémique en thérapie (Albernhe et Albernhe, 2000, en fournissent une illustration). Mais nombre d'auteurs ayant participé à l'introduction, au développement et aux usages de cette métaphore offrirent des réflexions qui dépassaient initialement la réduction que leurs concepts ont subi lors de la dissémination de leurs travaux ; à commencer par Bateson. Winkin (1996/2001) ouMucchielli (1995) expriment avec clarté la diversité des positions qui ont pu être adoptées dans les travaux s'inscrivant dans l'étude des communications (verbales ; non verbales) : on y retrouve des préoccupations communes, mais aussi des distinctions notables, avec les enjeux conceptuels soulignés par Hayes et ses collaborateurs autour de la R.F.T., et de l'A.C.T. dans une certaine mesure.
Considérons le cas de Bateson : Winkin indique combien cet auteur considéra comme essentiel de tenir compte de la place et la fonction de l'observateur dans le système de communication qu'il tente d'étudier : « nous appellerons situation sociale ou contexte de communication l'identification de la position de l'observateur » (Bateson, 1951, cité par Winkin, 1996/2001, p.57). Un contexte envisagé d'abord selon la participation de / 'observateur aux interactions auxquelles il s'intéresse, donc. Cette « extériorité » de la définition du contexte peut paraître étrangère à la focale retenue par la R.F.T., mais souligne pourtant d'emblée la difficulté à laquelle cette théorie se collette : l'étude de comportements et de relations définis comme propres à l'individu considéré, comme « privés », éminemment subjectifs malgré une genèse sociale, mais qui réclament qu'on les aborde depuis une position externe au système de ces mêmes relations. La réflexion sur le contexte est par ailleurs, chez Bateson, un préalable fondamental à l'étude de toute relation, et Winkin lui prête sur ce point des accents qui, cette fois, évoquent fortement le contextualisme retenu par la R.F.T. : l'analyse du contexte des interactions d'un individu est un « travail sur l'étendue de la classe des événements qui permettent à un organisme (un sujet, un groupe) de faire des choix » (Winkin, 1996/2001, p.65). On se souviendra que les cadres relationnels de la R.F.T., nous l'avons signalé plus haut, sont conçus comme des classes d'opérants. Bateson use de l'expression d'« indicateur de contexte »: la R.F.T. implique la prise en compte, dans l'analyse, de stimuli arbitraires entre lesquels,, sur la base de circonstances spécifiques (notamment les rapports relatifs entre stimuli), s'établissent les relations envisagées comme centrales. Le contexte, enfin, chez Bateson entre autres, est en lien direct avec la signification : selon la fameuse maxime, il est cette « différence qui fait une différence » (Bateson, 1972, cité par Winkin, 1996/2001). Et sur ce point -l'émergence de la signification pour l'individu-, la prééminence du rôle du contexte pour Hayes et ses collaborateurs va également de soi. Muchielli (1995) synthétise pour sa part la conception du sens, de la signification, comme « émergence » : une construction situationnelle commune des acteurs d'une situation, non quelque chose de contenu dans le comportement lui-même -verbal ou non. L'importance et le rôle du contexte sont là aussi réaffirmés, et pas simplement en tant que contexte environnemental « externe » : à la suite de Gumperz (1989, cité par Mucchielli, 1995, p.119-122), développant une sociolinguistique interactionnelle, Muchielli distingue contexte externe/social (une situation physique donnée, le système d'échanges qui s'y joue, sa délimitation temporelle, ses contraintes culturelles normatives, et la « logique » de cette situation d'ensemble) et contexte expressif (s'intéressant à la forme des réponses émises et aux intentionnalités manifestées en situation selon les problèmes posés à l'acteur par une situation). On trouve ici réintroduite PArlésienne de l'intentionnalité, souvent évoquée mais jamais réellement saisie ; mais aussi, et surtout, la pluralité de dimensions intégrées dans le contexte d'un comportement verbal et non verbal. Une position qui est à la fois parente de la R.F.T., en tant que proposition de réintroduction d'une richesse contextuelle longtemps confinée hors de l'analyse béhavioriste des comportements ; et qui verse dans des postulats (l'intentionnalité comme déterminant majeur des comportements d'un acteur) abordés fatalement avec méfiance par cette même tradition d'analyse. La question pourrait être alors : malgré leur volonté affirmée d'en découdre, sans concepts mentalistes, avec les thèmes du langage, de la cognition et finalement au-delà, du déterminisme de l'action, Hayes et ses collaborateurs, au vu des concepts mobilisés et de leurs statuts « subjectifs », font-ils vraiment l'économie des difficultés soulevées par d'autres positions, tout autant processuelles, sans perdre en cohérence?
Et dans le cas contraire, quid de leur spécificité? Muchielli (1999/2003) n'hésite pas à recommander de généraliser les diverses communications observées, lors de la réalisation d'études, pour en extraire des catégories ou formes d'échanges et générer ainsi des classes fonctionnelles de comportements communicationnels. Le modèle explicatif possède certes de forts relents d'analyse des systèmes, que l'on pourrait rapprocher plus volontiers des modèles cybernétiques voire cognitivistes de l'action, mais reste que le souci de classes de comportements relatives au contexte, souci , est ici aussi bien présent. Que l'on retrouve chez Goffinan (1974, cité par Nizet et Rigaut, 2005), auteur majeur des études communicationnelles et sociologiques, le souci d'une analyse des cadres de l'action (le titre de son ouvrage est assez explicite: Frame Analysis!7), renforce encore ce constat : la prise en compte du contexte des actions, en particulier en termes de cadres relationnels entre événement ou propriétés d'un environnement, rapproche nécessairement la tentative de la R.F.T. de travaux antérieurs étudiant les phénomènes de communication. Ces derniers, pourtant, ont autant privilégié la perspective structurelle que fonctionnelle dans leurs analyses desdites actions et relations, sans perdre de leur pouvoir heuristique ou de compréhension des phénomènes à l'étude ; travaux qui ont également eu pour ligne de mire (souci notable chez Bateson qui livrera, en 1972, Vers une écologie de l'esprit ; nous soulignons), l'explication des actions de l'individu en lien avec le développement et le fonctionnement du langage et de la cognition -fût-ce sous une appellation moins franche.
Plus récemment, Bromberg et Trognon (2004, p.3-4), en prologue d'un ouvrage collectif centré sur les analyses psychosociales de la communication, discuteront deux types de « mécanismes » intégrés par les analyses contemporaines qui suivent leur propos: mécanismes « de codage » et « inférentiels ». Ils signent ainsi leur inscription générale dans une mouvance plus cognitive que comportementale, mais les précisions qu ' ils apportent nous paraissent utiles à relever: les mécanismes inférentiels, qui régleront le comportement de l'individu, sont avant tout fonctionnels et liés au contexte d'interaction. Il s'agit donc de chercher du côté d'une appropriation des contingences de l'action par l'individu, autant que de mécanismes individuels internes.. .et chercher ce que la notion de mécanismes inférentiels contextualisés peut renvoyer dans une situation de communication donnée, en fonction du système des interactions pris en compte. Autre point notable qu'évoquent Bromberg et Trognon : la prise en compte de l'influence et de la persuasion de l'autre dans ces situations. Hors, il n'y a bien là qu'une certaine manière d'introduire dans le tableau explicatif, comme souvent avec les analyses pragmatiques des phénomènes de langage, les conséquences de l'action communicationnelle -autrement formulé : les conséquences du comportement verbal et non verbal du locuteur, de l'acteur. Ici aussi s'exprime le souci fonctionnel. Des classes d'événements sont alors considérées, qui manifestent le lien de l'individu avec son environnement et la manière dont toute action, fut-elle communicationnelle, correspond à une matrice de modifications de la situation, qui l'influence en retour.
Evoquons enfin le cas de Ray Birdwhistell, admirablement défendu par Winkin (1996/2001). Chez cet auteur, à l'origine d'un système d'analyse qualifié de « kinésique », nous trouvons la préoccupation constante du comportement comme donnée de base, et Y identification de patterns comportementaux en situation, comme le but de l'analyse. Le comportement y est envisagé dans sa globalité, en terme de fonctionnement de l'individu dans une situation, et non simplement comme élément topographique : ce sont les interactions et leur contexte qui chargeront événements et non événements d'une signification. Birdwhistell, en prolongement de ces convictions, s'oppose ainsi fermement aux dichotomies traditionnelles : corps/esprit, raison/émotion. C'est bien dans l'intégralité d'un comportement d'ensemble, conçu sous une perspective holiste, que doit se réaliser l'analyse des phénomènes de communication -encore une fois, verbaux et non verbaux. On se souviendra de la prédilection de Skinner pour une analyse du comportement de l'organisme intégral (dès Skinner, 1938/1991, puis à travers toute son œuvre ; voir ainsi Skinner 1953/1965, ou 1969/1971), également l'une des sources de la position adoptée par la R.F.T. et l'A.C.T. S'intéresser aux régularités interactionnelles observées, vérifier l'intelligibilité de celles-ci dans des contextes particuliers et réfléchir en termes de processus comportementaux plutôt que de contenus figés : des leçons que l'analyse néobéhavioriste des comportements, et plus particulièrement Hayes et ses collaborateurs, pourraient reprendre à leur compte. Winkin (1996/2001, p. 85), à la suite de Birdwhistell et des autres, parle d'une communication intégrative : les théoriciens de l 'A .C.T. prennent pour but « intégré » (Hayes et al, 1999, p.22) la prédiction des événements impliquant le patient et l'influence sur ceux-ci, et proposent des concepts à la mise en oeuvre voulue comme de la plus large répercussion possible ; un but (prédire et influencer) qui exprime la recherche d'un impact sur toutes les dimensions de la situation, un but qui définit justement la démarche comme intégrée et conduit l'élaboration théorique. Le souci des répercussions concrètes de la thérapie et de la relativité des prises en charge à l'acte en contexte, a pour corollaire un environnementalisme explicite des interventions, l'impact pratique réclamant le changement de fonction des actions et des expériences qui en dépendent. Un changement qui, pour être effectif, passe par l'influence sur les éléments objectifs du contexte8 et l'identification des contextes dans lesquels telle forme d'activité (notamment verbale) fut mise en relation avec une autre (une notion de relation également centrale au plan interprétatif, comme on l'aura compris).
Et pour clore sur les parentés manifestes que nous croyons déceler entre les perspectives entraperçues des « sciences de la communication » et celles offertes par la R.F.T., le recours d'arrière-plan souvent effectué par les théoriciens de la « nouvelle communication » (Winkin, 1981/2000) à la pensée de Sapir, à sa réflexion sur l'existence de règles sociales implicites mais non moins réelles et qui règlent les échanges entre membres d'une communauté, ce recours n'est pas autre chose, tout bien considéré, qu'une analyse des contingences de renforcement sociales, rarement explicites elles aussi hors du laboratoire. Que les formulations puissent diverger ne doit pas conduire à dissocier fermement deux parcours complémentaires, voire symétriques, d'une même pensée des phénomènes sociaux, donc de langage, et de leur influence sur les dimensions « cognitives » des individus (depuis leur genèse jusqu'à leur expression quotidienne).
...ET UN SOCLE COMMUN AVEC LES NÉO-BÉHAVIORISMES
Une caractéristique trace cependant une ligne de partage importante entre l'approche de la R.F.T., et de 1* A .C.T. derrière elle, et la tendance majeure des approches mentalistes et/ou cognitivistes. Une caractéristique qui n'est apparue jusqu'ici, au mieux, qu'en filigrane, et sur laquelle Hayes et ses collaborateurs se prononcent nettement : le monisme naturaliste de la psychologie. Cette option épistémologique s'avère chez eux très prégnante, à la différence notamment des options cognitivistes. Non que l'esprit soit systématiquement considéré, sous lesdites options, comme d'un plan d'existence à part entière, comme d'une ontologie propre -encore que la question semble parfois se poser chez les penseurs de la philosophie du « sens commun » ; mais les occasions restent rares, à la suite de l'emprise chomskyenne sur la linguistique par exemple, où les phénomènes de langage ne sont pas considérés comme relevant d'une générativité autrement délicate que les phénomènes naturels ordinaires et, partant, d'une réalité distincte, ou comme manifestant un symbolisme immanent aux « contenus verbaux » qui les absolve de participer d'une ontologie naturelle, pour recourir à un royaume d'existence qui leur soit propre. La « cognition », et « l'esprit » qui lui sert de support mi-théorique mi-philosophique, se range alors aux côtés du langage quant à la partition qui s'opère avec les phénomènes comportementaux -compris, en ces circonstances, au sens restreint.
Foin d'une telle attitude chez Hayes et ses collaborateurs, en cela fidèles hérauts de la cause néo-béhavioriste :
« La RFT conçoit le fait de « connaître par l'esprit »9 en terme de fonctions comportementales établies à travers des réseaux de relations dérivées entre stimuli. Le comportement de mise en relation est ce dont les « esprits» sont emplis. Ces réponses relationnelles permettent d'autres formes d'activité qui ne pourraient sinon se produire. Autrement dit, cognisciser c 'est relier, et nous ne voyons donc nulle raison de ne pas parler de « cognition » particulièrement lorsque la nature privée d'une réponse relationnelle rendrait étrange le fait de parler de langage. La cognition n 'est pas un événement mental, c 'est un événement comportemental, et il n'y a aucune raison pour au 'une psychologie de la cognition ne puisse être une psychologie comportementale » (Hayes et al 2001, p.144-145)
S'ils parlent bien de « deux mondes » dans lesquels vivraient les êtres humains, cette partition n'est aucunement ontologique mais empirique :
« Le comportement verbal émerge de contingences opérantes, mais le résultat du comportement verbal est de changer la manière dont tous les principes comportementaux opèrent. Pour cette raison, les êtres humains vivent simultanément dans deux mondes. Leur continuité avec le reste du mondejmimal signifie qu 'ils vivent constamment dans un monde de contingences directes. Leur acquisition de l'action de répondre de façon relationnelle dérivée10 signifie qu 'ils vivent constamment dans un monde verbalement construit. » (op. cité, p.49)
A travers l'ensemble des positions adoptées dans leurs deux ouvrages ici évoqués (Hayes et al, 1999,2001), des options épistémologiques puisant au meilleur de la pensée béhavioriste dans son ensemble (depuis Watson jusqu'à nos jours) sont très nettement exprimées : le souhait d'une unification des sciences psychologiques, voire des sciences humaines, sous la bannière d'une naturalisation de l'esprit et de l'action, elle-même sous l'égide d'une conception de l'être humain comme produit d'une influence massive de sa communauté et de ses contingences sociales, avec pour principal vecteur le comportement verbal. A plusieurs reprises sont clamées des valeurs qui définissent de longue date la filiation de « l'analyse du comportement » (Behavior Analysis): perception de la psychologie comme une science naturelle; buts de la démarche, théorique ou thérapeutique, formulés en terme de prédiction et de contrôle (plus modestement: d'influence, comme les auteurs tiennent à le souligner ; Hayes et al, 1999, p.22 ; Hayes et al, 2001, p.6-7, p.142) ; prédilection pour une conception du comportement et de l'opérant comme classes définies par leurs fonctions ; historicité de l'analyse, a fortiori en matière de langage et de cognition (Hayes et al, 2001, p.22-24,28), contre le recours aux construits cognitifs -en particulier lorsqu'ils synthétisent un historique d'interactions (Hayes et al, 2001, p. 94-96; 105-110; 147-148).
Plusieurs déclarations des auteurs entendent distinguer leurs travaux des approches cognitivistes : par exemple, sur un plan général (Hayes et al, 2001, p.144-146), ou à propos de la psychologie génétique (Hayes et al, 2001, p.158-160) ; et encore Hayes et al (1999), dans leur analyse de la guidance verbale et de son statut (p.32-35), leur conception du « mental » (p.49) ou leur analyse alternative de ce en quoi consistent les troubles psychopathologiques (p.69-71). Mais a contrario, le clinicien est en droit de se questionner quand à ce qui distingue de la tradition cognitive des notions comme celles de fusion cognitive et de dé-littéralisation du langage (Hayes et al, 1999, p.72-74), telles qu'elles sont envisagées par l'A.C.T. et mises en oeuvre en thérapie, voire...conçues sur un plan théorique. Jusqu'ici cruellement absente des approches néo-béhavioristes antérieures d'après les auteurs (Hayes et al, 1999, p.36)- une analyse des symboles en tant que « fondus dans les événements qu'ils décrivent et les personnes qui les décrivent » (Hayes et al, 1999, p.72) est susceptible de recevoir l'aval de tout psychologue un peu au fait de son bréviaire cognitivo-linguitisque, sans qu'il lui faille réviser les conceptions ontologiques et théoriques auxquelles il adhère plus ou moins implicitement : existence, influence et primauté des pensées, croyances, représentations, symboles dans la détermination et l'explication de l'action. La fusion entre fonctions d'événements verbaux, de même qu'une lecture processuelle du transfert de fonctions entre stimuli, est peut-être une analyse légitime des phénomènes enjeu ; reste qu'elle n'affirme alors plus très nettement la spécificité d'une approche néo-béhavioriste. D'autres auteurs ont questionné fermement, concernant la R.F.T., cette spécificité souvent revendiquée par Hayes et ses collaborateurs (Burgos, 2003 ;
Tonneau, 2001,2002,2004). La responsabilité de tels glissements potentiels incombe-t-elle aux concepts avancés, au mode de présentation rhétorique employé, ou au contraire à une lecture partisane qui s'effectuerait depuis des prémisses concurrentes non renégociées ? Sans doute un peu des trois. C'est là que le bât blesse et c'est sur ces aspects que nous aimerions conclure.
ENVOI: DES CHEVALIERS DOUÉS POUR LA BRODERIE.
Aux yeux d'un néo-béhavioriste contemporain, les auteurs à l'origine des deux volumes sur lesquels nous nous sommes essentiellement appuyés sont peu suspects de fantaisie ontologique et de légèreté épistémologique : l'entame de leur épilogue rend un hommage assez clair aux positions de Skinner, Kantor et de leurs successeurs, quant à l'analyse des comportements complexes (Hayes et al, 2001, p.253) pour qu'on les reconnaisse comme forces de proposition majeures en matière d'analyse du comportement. Notre interrogation était cependant d'une autre teneur, induite par les auteurs eux-mêmes : sommes-nous en présence d'une approche suffisamment alternative et originale pour être à la fois l'avenir des analyses comportementales de la cognition et du langage, et une concurrente sérieuse -pas une énième déclinaison- de l'offre cognitive (ou cognitivo-comportementale) déjà en présence sur ce terrain ? Quant à leur place dans la « filière » béhavioriste contemporaine, l'argumentaire des auteurs est assez net :
« La R.F.T. semble offrir une approche plus parcimonieuse de l'explication du comportement complexe que les approches alternatives offertes par les concepts de dénomination d'ordre supérieur et de contrôle lié11 » (Hayes et al, 2001, p. 150) ;
« Si la R.F.T. est valide, nous devons repenser l'ensemble de la psychologie comportementale telle qu 'elle s'applique aux organismes verbaux. Langage et cognition sont des comportements pivots dans de si nombreux domaines, que si les processus impliqués dans ces domaines sont nouveaux, les analyses doivent aussi être originales. De plus, si les réponses relationnelles arbitrairement applicables elles-mêmes modifient le fonctionnement des processus comportementaux, alors même les préparations comportementales les plus basiques chez les êtres humains doivent être réexaminées et reconsidérées. » (Hayes et al, 2001, p. 153-154).
Et nous avons aussi mentionné plus haut leur sentiment d'offrir une conception réellement alternative et valable à des approches d'ontologie dualiste et de prémisses mentalistes.
Or s'il apparaît qu'un thérapeute ou qu'un chercheur cognitiviste puisse trouver au sein de la R.F.T., et plus encore de l'A.C.T., des concepts et des explications assimilables à ses options antérieures, sa propension à réduire ainsi toute « dissonance cognitive » de sa part n'est certainement pas seule en cause. D'abord parce qu'une telle possibilité d'intégration est non seulement envisagée mais encouragée par Hayes et ses collaborateurs, à diverses reprises, sans que soit présenté explicitement comme nécessaire l'abandon de prémisses concurrentes &biais que le recours au pragmatisme comme philosophie, en particulier scientifique, peut parfois et malheureusement encourager (Burgos, 2003, est d'ailleurs plus incisif sur ce point). Une attitude qui rencontre une certaine tendance à la « psychologie intégrative » de notre époque, qui favorise vraisemblablement la diffusion des écrits et des idées des auteurs (relevons à ce titre la participation de Steven Hayes comme conférencier invité au prochain et pluriel E.A.B.C.T. 2007, à Barcelone). Que les concepts de cadres, de réseaux relationnels et les analyses des « activités symboliques » permettent, de par leurs définitions et leur usage, ce type d'ouverture, n'est guère surprenant. Nous avons aussi tenté de suggérer que les approches théorisées par des auteurs habituellement convoqués autour des études des phénomènes de communication révélaient des similitudes plus que terminologiques, étendant la gamme des spécialistes susceptibles de déceler dans la R.F.T. des échos féconds.
Mais cette ouverture n'apparaît pas non plus, pour autant, critiquable en soi. Il s'agit même, très vraisemblablement, d'une des caractéristiques les plus attrayantes de la R.F.T. et de l'A.C.T. y compris et peut-être surtout pour les béhavioristes contemporains convaincus! Du point de vue de l'entreprise de persuasion que tout nouveau paradigme doit déployer pour s'imposer dans un contexte scientifique antérieur qui lui est rarement acquis (histoire et sociologie des sciences l'ont assez montré, notamment depuis Kuhn, 1962/1983), mettre au premier plan l'étude de la cognition et du langage, par des néo-béhavioristes se plaçant sous le patronage -notamment- de Skinner, est une manoeuvre habile qui dégage un potentiel de séduction conséquent. Alliée à l'appui d'arrière-plan d'une kyrielle d'expérimentations ingénieuses et de procédures d'ores et déjà intégrées à l'attirail usuel des behavior analysts, cette caractéristique revêt les prétentions conquérantes, de l'étoffe d'une référence bientôt incontournable. Et puisqu'il est question d'étoffe, le temps semble venu de reprendre nos deux paraboles.
Dans ce classique d'Andersen qu'est « Les habits neufs de l'Empereur », sous sa version la plus populaire, deux larrons profitent un jour d'un empereur crédule et lui promettent le tissage d'un habit dont la splendeur et l'originalité n'auront d'égale que l'élitisme présidant au cercle des bienheureux capable de l'apprécier : l'étoffe nécessiterait en effet, pour être aperçue, d'être d'une intelligence supérieure. L'empereur, s'enquérant de l'avancée du travail grassement payé, ne voit rien apparaître sur le métier au fil des jours, et pour cause : les larrons ne tissent nullement. Mais peu enclin à passer pour un sot doublé d'un fat, le souverain n'ose mot dire. Il parade finalement devant son peuple, paré du fameux vêtement, et seul un enfant ose alors exprimer ce que chacun peut constater : l'empereur est nu...avis auquel lui-même finit par se ranger, penaud, mais sans rien en laisser paraître. Quant aux Chevaliers du Roi Arthur, et au Saint Graal qu'on leur prête la ténacité d'avoir tant cherché, ils furent célébrés notamment dans la France médiévale, à la suite de Chrétien de Troyes (notamment réédité en 2005). Nous retiendrons de cette parabole la figure de la quête initiatique maintes fois renouvelée avant d'être couronnée de succès, et celle de l'objet « sacré » qui lui sert de but ultime, objet de tous les espoirs et vers lequel tendent les efforts de leur communauté. Deux récits métaphoriques fort distincts que ces deux contes, mais dont les acteurs présentent des traits saillants que l'on peut exploiter pour clore sur une note plus légère les perspectives qu'ouvre cet article.
Hayes et ses collaborateurs ont trop d'estime pour leur communauté scientifique d'origine -dont ils revendiquent, on l'a vu, la filiation-, et présentent suffisamment de garanties en terme de publications scientifiques de qualité et d'affirmations argumentées, pour que leur entreprise de diffusion de la R.F.T. s'apparente à celle des filous d'Andersen. Mais, même si moins coupablement, ne font-ils pourtant pas montre, ça et là, d'une éloquence à nous convaincre, à la fois persuasive et entêtante, que leurs propositions sont le fin mot d'une analyse comportementale de la cognition et du langage? Que quiconque, ayant l'heureuse idée d'intégrer avec patience et confiance leurs passages souvent ardus, s'en verra révéler la puissance explicative et la portée inégalée...en même temps qu'un sentiment d'appartenance aux happy few ayant perçu ce fabuleux potentiel ? Et qu'il suffirait à tous ceux-là de simplement.. .suivre le fil de leur théorie ? Délicat, dans de telles conditions, d'argumenter au profit d'une attitude circonspecte, mesurant avec prudence l'écart souvent net entre résultats empiriques et théorie, et discutant les mérites respectifs de théories concurrentes.
Les prorx>sitions de Hayes et ses collaborateurs ont néanmoins un mérite essentiel, qu'interdisait le postulat introduit par les larrons d'Andersen quant à la visibilité de leur ouvrage : elles peuvent être mises à l'épreuve empiriquement. Peut-être difficilement falsifiées, pour rappeler à notre souvenir le cheval de bataille de Popper (1935/1973), mais tout de même accessibles à l'épreuve (toute relative) des faits. Il faut reconnaître aux auteurs leur insistance bienvenue sur ce point (Hayes et al, 2001, p.255 ; mais voir aussi Hayes et al, 1999, p.281, pour une pirouette épistémologique moins popperienne).
Une attitude générale qui pourrait nous conduire, au-delà de la sympathie que nous manifestons envers les tentatives néo-béhavioristes de tout crin, à emprunter une autre voie à propos de la R.F.T. et de PA.C.T. : à côté des scories qu'une théorie naissante produit irrémédiablement, et dont elle se départit en s'affinant, ne faut-il pas voir dans ces tentatives le but que quatre générations de béhavioristes ont poursuivi de leur ténacité, le Saint Graal d'une explication d'ensemble du comportement humain ? Ce que l'on pourrait prendre pour de la présomption, pour une rhétorique conquérante de chercheurs un peu trop sûrs de leur fait, n'est peut-être au final que la conviction compréhensible de passionnés acquis à une noble cause : faire émerger des analyses de leurs précurseurs la synthèse qui les dépasse, résolve les questions anciennes et réconcilie pairs et alliés potentiels...Contentant chacune des parties en présence.
Une version, sans doute, non plus ironique mais, à présent, idyllique de la situation actuelle, à laquelle nous n'entendons pas apporter le dernier mot. Plus vraisemblablement l'histoire la plus convaincante emprunte-t-elle un peu de chacun des récits évoqués plus haut : chevaliers convaincus de l'importance de leurs préoccupations, cherchant à percer la muraille que cinq décades de cognitivisme ont dressé autour des terres de la cognition et du langage, Hayes et ses collaborateurs s'avèrent à l'occasion d'habiles couturiers, s'agissant d'assurer à leur tentative un soutien logistique suffisant.
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*Demandes de tirés-é-part: Routier Cédric, ISTC. 81, Boulevard Vauban. 59000 LILLE
1A la suite du bref historique que relate S.C. Hayes (lire son «prologue personnel» dans Hayes et al, 2001), et parce qu'il est de tait le principal «chef de file» des mouvances RFT/ACT, nous entérinerons avec lui la naissance d'une vision unifiée de la RFT en 1982-1983, lors de la première formulation par Hayes du concept d'opérant sur-structurant (pour «overarching opérant»).
2Mentionnons de suite que le béhaviorisme de J.R. Kantor est l'autre filiation majeure revendiquée par les auteurs.
3La notion de « schéma cognitif » et les théories qui s'y rattachent, par exemple : voir ses déclinaisons possibles chez Rumelhart et Norman (1983/1995), sur un plan théorique, et chez Young, Klosko et Weishaar (2005) pour une illustration en thérapie.
4Sur ce dernier point, une recherche effectuée en décembre 2006 sur base de donnée électronique comptabilisait, depuis 1997, plus de 40 publications s'intéressant aux concepts et hypothèses de l'A.C.T. et la R.F.T. de façon directe (sous forme de revues ou de discussions) et un panel impressionnant de troubles psychopathologiques et de thèmes abordés sous une perspective « A.C.T. » -une trentaine au total, dont : addictions diverses (Batten et Hayes, 2005 ; Gifford, Kohlenberg, Hayes, Antonuccio, Piasecki, Rasmussen-Hall et Palm, 2004 ; Hayes, Wilson, Gifford, Bissett, Piasecki, Batten, Byrd et Gregg, 2004 ; Heffner, Eifert, Parker, Hernandez, et Sperry, 2003) ; autisme (Blackledge et Hayes, 2006) ; prise en charge de la douleur (Dahl et Lundgren, 2006 ; Gutierrez, Luciano, Rodriguez et Fink, 2004 ; Wicksell, Dahl, Magnusson et Olsson, 2005) ; gestion du stress au travail, des performances sportives (Bond et Bunce, 2000 ; Garcia, Villa et Cepeda, 2004 ; Gardner et Moore, 2004 ; Flaxman, P.E. et Bond, F.W., 2006) ; médecine comportementale (Dahl, Wilson et Nilsson, A., 2004 ; Gregg, 2004 ; Marin, 2003) ; prise en charge des psychotiques (Bach et Hayes, 2002 ; Bach, Guadiano et Pankey, 2006 ; Garcia-Montes et Pérez-Àlvarez, 2005 ; Gaudiano et Herbert, 2006 ; Olivencia et Diaz, 2005 ; Pankey et Hayes, 2003 ); troubles de l'alimentation (Kristeller, Baer et Quillian-Wolever, 2006) ; troubles anxieux (Dalrymple, 2006 ; Eifert et Forsyth, 2005 ; Greco, Blackledge et Coyne, 2005 ; Orsillo et Batten, 2005 ; Roemer, Salters-Pedneault et Orsillo, 2006 ; Twohig, Masuda, Varra et Hayes, 2005 ; Walser et Hayes, 2006 ; Zettle, R.D., 2003)...
5Des recherches d'orientations certes distinctes dans leur détail, mais aisément apparentées à TA.C.T., attendu leur souci commun d'une implication de la « conscience de soi » en matière de changement. Les déclarations de Hayes lui-même (2004) abondent en ce sens.
6Voir ainsi Hayes et al (2001), pages 151-153, et chapitres 9 et 11, sur le développement psychologique et les processus sociaux, respectivement.
7La métaphore explicative que Goffinan développe à cette occasion se réfère, certes, à la notion de cadrage cinématographique de la scène observée et des interactions qui s'y jouent, élaborant une synthèse de ses travaux antérieurs à la lumière de ce nouvel éclairage -pour filer un peu plus la métaphore... (voir Nizet et Rigaut, 2005). La notion de cadre relationnel, quant à elle, ne puise pas aux mêmes sources (on a mentionné plus haut les origines empiriques présentées comme siennes) et n'apparaît pas d'emblée comme un outil explicatif métaphorique, ayant trait à la position analytique, mais comme un concept théorique spécifiant le concept plus général de « comportement opérant » et se rapportant au sujet -de l'action, de l'observation ou de l'expérimentation. Mais à bien y regarder, l'identification des cadres relationnels et de leur influence passe toujours par une analyse externalisée -que l'on soit en situation expérimentale ou thérapeutique-, ce qui tend à faire du concept de cadre relationnel, comme n'importe quel outil d'analyse utile, une grille de lecture externe de phénomènes plus ou moins spécifiques ; et le qualifie dès lors comme manifestement métaphorique, puisque outil explicatif enchâssé dans un corpus théorique apte, justement, à lui prêter ce caractère explicatif. La citation suivante éclaire ce point : « Tout comme un cadre de photo peut'contenir plusieurs images, un cadre de réponse peut inclure différents aspects formels tout en restant un cas identifiable d'une configuration d'ensemble. « Cadre » n'est pas un nouveau terme technique, et ce n'est pas une structure, une entité mentale, ou un processus cérébral. C'est une métaphore qui fait référence à un trait caractéristique de certaines classes de réponses purement fonctionnelles : la classe comportementale fournit une configuration fonctionnelle d'ensemble, mais le contexte actuel fournit les aspects formels spécifiques qui se produisent dans des parties spécifiées de cette configuration. » (Hayes et al, 2001, p.27 ; nous soulignons). Que cette longue remarque puisse s'appliquer à nombre de concepts scientifiques des plus utiles n'en dispense pas moins tous ceux qui se penchent sur l'analyse du comportement, d'en extraire (avec parcimonie !) la dose de relativisme qu'elle implique vis-à-vis de nos théories du comportement ; elle est aussi, par contrecoup, un garde-fou commode contre la réification, parmi les approches cognitives, de concepts aujourd 'hui aussi courus que ceux de schéma ou de scénario.
8Eléments externes au comportement concerné et manipulantes, donc environnementaux et, souvent, historiques.
9Traduction étymologique du terme « cognition » retenue en psychologie, d'après les auteurs.
10« derived relational responding ».
11« higher-order naming »; « joint control ». Albernhe, K. et Albernhe, T. (2000). Les thérapies familiales systémiques. Paris: Masson.