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Psicologia Clínica
versão impressa ISSN 0103-5665versão On-line ISSN 1980-5438
Psicol. clin. vol.31 no.2 Rio de Janeiro maio/ago. 2019
https://doi.org/10.33208/PC1980-5438V0031N02A02
SEÇÃO TEMÁTICA - O FAZER CLÍNICO EM PSICOLOGIA
Les logiques du jeu dans les médiations thérapeutiques
Lógicas do jogo em mediações terapêuticas
Game logic in therapeutic mediations
Logicas del juego en mediaciones terapeuticas
Anne Brun
Professeur de Psychopathologie et Psychologie clinique, Directrice du Centre de Recherches en Psychopathologie et Psychologie Clinique, Université Lyon 2, Lyon, France. annebrunlyon@orange.fr
RESUMO
As mediações terapêuticas com crianças com psicose e autistas permitem retomar o processo inacabado dos jogos partilhados com o ambiente primário: a amorçage (criação) - técnica terapêutica utilizada com crianças autistas de criar um cenário/contexto para elas se familiarizarem com competências e comportamentos que devem adquirir para se comunicar - ou réamorçage (recriação) de jogos sensoriomotores partilhados com os terapeutas introduzem de novo a potencialidade de uma simbolização sensoriomotora. Este artigo propõe uma identificação rigorosa das principais lógicas do jogo no âmbito das mediações terapêuticas, a fim de construir uma ferramenta de avaliação específica dos processos de transformação ao longo do trabalho terapêutico. A autora propõe a identificação de quatro tipos de organizadores de jogo: (1) Jogos de exploração sensoriomotora e de "mantelamento" sensorial (mecanismo intersensorial de utilização de ritmos compatíveis de fluxos sensoriais provenientes do objeto, conjugação tornada possível por processos de segmentação intrassensorial de tais fluxos que podem jogar-se ao nível central, ao nível periférico ou ao nível interativo): para um jogo intersensorial; (2) Jogos com as formas sensoriomotoras: para um "entre-jogo" formal ou para formas primárias de simbolização; (3) Dos jogos de espelho sensorial aos jogos sensoriomotores em duplicado: para um jogo intersubjetivo; (4) Jogos com as representações e com as palavras: para um jogo intrassubjetivo com reflexividade.
Palavras-chave: avaliação qualitativa; formas primárias de simbolização; jogo; sensoriomotricidade.
ABSTRACT
Therapeutic mediations with psychotic and autistic children allow unfinished processes in the games shared with the primary environment to resume: priming or reactivating sensorimotor games shared with the therapists reintroduces the possibility of a sensorimotor symbolization. This article proposes an accurate identification of the main game logics in the context of therapeutic mediations, in order to build an assessment tool specifically for the transformation processes during the therapy. The author suggests the identification of four types of game: (1) Games of sensorimotor explorations and sensory "mantling": towards an intersensorial game; (2) Games with sensorimotor forms: towards a formal "inter-game" or primary forms of symbolization; (3) From sensory mirror games to duplicate sensorimotor games: towards an intersubjective game; (4) Games about representations and words: towards an intrasubjective game with reflexivity.
Keywords: qualitative assessment; primary forms of symbolization; game; sensorimotricity.
RESUMEN
Las mediaciones terapéuticas con niños psicóticos y autistas permiten retomar el proceso inacabado presente en los juegos compartidos con el entorno primario: el priming o la reactivación de los juegos sensoriomotores compartidos con los terapeutas reintroducen la posibilidad de una simbolización sensoriomotriz. Este artículo propone la identificación precisa de las principales lógicas del juego en el marco de las mediaciones terapéuticas para, así, poder construir una herramienta de evaluación específica para los procesos de transformación a lo largo del trabajo terapéutico. La autora propone realizar cuatro tipos de juego: (1) Juegos de exploraciones sensoriomotores y de mantelamiento sensorial: hacia un juego intersensorial; (2) Juegos con las formas sensoriomotrices: hacia un "inter-juego" formal o hacia las formas primarias de simbolización; (3) De los juegos de espejo sensoriales hasta los juegos sensoriomotores duplicados: hacia un juego intersubjetivo; (4) Juegos con las representaciones y las palabras: hacia un juego intrasubjetivo con reflexión.
Palabras clave: evaluación cualitativa; formas primarias de simbolización; juego; sensoriomotricidad.
Introduction
Winnicott (1971) montre comment apprendre à jouer permet de transformer les situations les plus douloureuses en situations « bonnes à symboliser » et c'est dans cette perspective que R. Roussillon (2008) a déployé une hypothèse fondamentale pour la clinique : il faut retrouver les traces des jeux qui n'ont pas pu historiquement avoir lieu et les remettre en jeu dans le cadre thérapeutique. Dans cette perspective, nous nous proposons de montrer comment la relance des jeux qui n'ont pas encore été joués, au sein du dispositif-cadre spécifique des médiations thérapeutiques, permet aux patients d'accéder aux premières formes de symbolisation. Cela concerne surtout des conjonctures cliniques, qui ne peuvent pas fonctionner suffisamment selon le principe de plaisir, mais qui sont dans une logique de survie. Ces problématiques cliniques ne peuvent pas être abordées selon le modèle traditionnel du rêve, avec l'idée d'un possible travail de symbolisation fondé sur l'absence de l'objet, sur une suspension de la motricité et de la perception.
Dans ces configurations cliniques, comme les autismes, les psychoses ou la psychopathologie des agirs violents dont il sera ici question, le cadre des médiations thérapeutiques (peinture, modelage etc.) qui met principalement en jeu des formes d'associativité sensori-motrice, apparaît particulièrement adapté à ces problématiques réputées extrêmes et il permet notamment une relance des jeux grâce aux particularités du medium malléable (Milner, 1955; Roussillon, 1991), l'organisateur principal du cadre thérapeutique : comment les médiations thérapeutiques peuvent-elles permettre de façon spécifique de « retrouver les traces des jeux qui historiquement n'ont pas pu avoir lieu » ?
L'amorçage des jeux se situe au niveau des sensorialités primitives, sollicitées directement par le medium malléable, qui est toujours, comme l'a conceptualisé Marion Milner, à la fois l'objet médiateur, la matière, à la fois le thérapeute présentant le medium dans sa matérialité, comme la peinture, la terre, l'eau, le collage... De façon générale, dans la clinique des bébés, les sensorialités primitives échoisées par l'environnement donnent des formes primaires de symbolisation, sinon cette sensorialité primaire peut perdre sa virtualité symbolisante et rester en quelque sorte en jachère. Mais cette potentialité symbolisante peut être relancée, notamment dans le cadre des médiations thérapeutiques, par l'introduction de jeux sensoriels archaïques.
Le fil rouge de cette contribution sera de proposer un repérage précis des principaux opérateurs du jeu dans le cadre des médiations thérapeutiques pour pouvoir dégager les logiques des processus de transformation au fil du travail thérapeutique et construire un outil d'évaluation spécifique à partir de ces logiques du jeu pour les médiations thérapeutiques1. L'hypothèse centrale sera que les principaux opérateurs du jeu dans les médiations thérapeutiques sensorielles se situent de façon spécifique autour du transfert de la sensori-motricité du patient sur la dimension sensorielle introduite par le medium malléable ; ces organisateurs du jeu dans les médiations thérapeutiques amorcent donc des processus de symbolisation à partir de la sensori-motricité.
Il s'agira donc de décrire les modalités de l'émergence des formes primaires de symbolisation, grâce à l'amorçage de jeux par les thérapeutes au niveau du registre sensori-moteur ; il s'agit en effet d'amorcer ou de réamorcer des jeux sensoriels archaïques, pour permettre aux patients relevant de pathologies dites « lourdes », enfants ou adultes, de passer d'une sensorialité caractérisée par une absence d'intégration sensorielle, à des formes de composition sensorielle qui s'effectuent avec l'émergence de jeux sensoriels partagés avec les cliniciens : ce sont ces jeux sensori-moteurs partagés qui réintroduisent la potentialité d'une symbolisation sensori-motrice.
Nous verrons comment cet amorçage ou réamorçage de jeux sensoriels partagés permettra aux patients d'évoluer d'une sensorialité sous le signe d'une désorganisation majeure, à un mantèlement sensoriel, à une organisation du registre sensorimoteur dans le lien au medium malléable, à la fois matière, matériel de jeu et thérapeute. Il s'agit donc d'une reprise du processus inachevé des jeux partagés avec l'environnement primaire, qui passe par le transfert de la sensori-motricité des patients sur le medium malléable dans sa matérialité et sur le cadre thérapeutique. Dans ce contexte thérapeutique, le rôle joué par les thérapeutes qui engagent aussi leur corps dans ces processus de symbolisation, fondés sur l'associativité sensori-motrice, s'avère aussi essentiel. Donc ce transfert de la sensorialité sur le medium met en jeu à la fois une intersensorialité et une intersubjectivité.
Afin de dégager les logiques sous-jacentes à la remise en jeu de jeux typiques, je proposerai de dégager quatre types d'opérateurs du jeu : ces opérateurs ne correspondent pas à des stades, ils peuvent être simultanés, mais ils correspondent à une logique de transformation des processus au fil du travail thérapeutique. Quel intérêt présente ce repérage précis de différents types d'opérateurs du jeu ? Le repérage de l'émergence de différents jeux typiques dans le processus thérapeutique permet de construire un outil d'évaluation spécifique pour les médiations thérapeutiques destiné à compte de l'évolution des processus de symbolisation donc du processus thérapeutique.
De la clinique a la modelisation de quatre operateurs principaux du jeu dans les mediations therapeutiques
Pour dégager les jeux typiques qui émergent dans des cliniques réputées extrêmes, clinique des enfants et adultes réputés autistes et psychotiques, et cliniques de la criminalité, deux fils cliniques seront tissés dans cet article à partir de l'exemple de la médiation picturale en groupe : la question est de savoir si, au-delà des différences, il est possible de dégager des processus communs entre les médiations thérapeutiques pour patients psychotiques et autistes et les médiations thérapeutiques pour patients criminels incarcérés.
De façon générale, les productions des patients psychotiques et autistes ne renvoient souvent pas à des formes représentatives imagées, avec un contenu figuratif : ce qui spécifie leur peinture, c'est la mise en jeu de traces non pas directement figuratives mais plutôt sensorielles, affectives et motrices, avec une sorte de décomposition de la sensorialité, sous le signe de vécus catastrophiques comme des vécus d'explosion, de mutilation, de vidage.
En ce qui concerne les peintures de patients criminels, selon la clinique décrite par E. Garnier (Garnier & Brun, 2016), au début de leur prise en charge, elles évoquent souvent un véritable vécu de démantèlement sensoriel. Le fond pictural ne semble pas constitué et un envahissement sensoriel apparaît omniprésent dans leur peinture : les fonds picturaux, souvent vécus comme des aspirations mutilantes, sont le plus souvent déchirés, percés, grattés, troués, avec une logique incohérente entre le fond et la forme, avec des perspectives impossibles, des paysages glaciaux, brûlants, voire troués. Les patients éprouvent des difficultés à figurer une scène sur leurs peintures, ce qui s'avère lié à l'échec de la figuration du rêve et ces paysages troués représentent sans doute la déchirure ou le trou de l'écran du rêve (Lewin, 1949).
L'insuffisance du modèle freudien du rêve est donc patent dans ces cliniques : dans la médiation picturale, cela se manifeste ainsi par l'impossible constitution du fond au début des groupes thérapeutiques de peinture, fonds troués, arrachés, explosés, déchirés... Il est donc impératif de recourir à un autre modèle dans le processus thérapeutique, celui du jeu.
De façon générale, ce véritable démantèlement sensoriel est un signe majeur de la destructivité caractéristique de ces patients et les cliniciens jouent un rôle essentiel en proposant différentes formes de jeu, à la fois pour accuser réception de cette destructivité, à la fois pour tenter de la transformer. Il va donc s'agir dans ces cliniques d'amorcer ou de réamorcer des jeux sensoriels archaïques, pour permettre aux patients de passer d'une sensorialité chaotique, à une recomposition sensorielle, avec l'émergence de jeux sensoriels partagés avec les cliniciens : ces jeux sensori-moteurs partagés réintroduisent la potentialité d'une symbolisation sensori-motrice. Il s'agit donc d'une reprise du processus inachevé des jeux partagés avec l'environnement primaire, qui passe par le transfert de la sensori-motricité des patients sur le medium malléable et sur le cadre thérapeutique.
Cette contribution vise à montrer comment cet amorçage ou réamorçage de jeux sensoriels partagés permettra aux patients d'évoluer de cette sensorialité démantelée et destructive, à un (re)mantèlement, à une (ré)organisation du registre sensorimoteur dans le lien au medium malléable, avec un travail de rassemblement des îlots éclatés du moi de ces patients dans des problématiques narcissiques-identitaires, selon le concept de R. Roussillon.
Je propose dans cette perspective de dégager quatre types d'opérateurs du jeu (voir tableau final) :
•Jeux d'explorations sensori-motrices et de mantèlement sensoriel : vers un jeu intersensoriel
•Jeux avec les formes sensori-motrices : vers un « entre-jeu » formel ou vers les formes primaires de symbolisation
•Des jeux de miroir sensoriel aux jeux sensori-moteurs en double : vers un jeu intersubjectif
•Jeu avec les représentations et avec les mots : vers un jeu intrasubjectif avec réflexivité
Ces opérateurs ne correspondent pas à des stades, ils peuvent être simultanés, mais ils correspondent à une logique de transformation des processus, au fil du travail thérapeutique. On va voir comment cette mise en évidence des opérateurs du jeu dans les médiations thérapeutiques permet de construire un outil d'évaluation spécifique pour les médiations thérapeutiques, destiné à rendre compte de l'évolution des processus de symbolisation donc du processus thérapeutique.
J'illustrerai les processus décrits par de courtes séquences cliniques qui seront empruntées directement à ma pratique des médiations thérapeutiques avec des enfants ou adultes psychotiques ou autistes, mais aussi aux travaux menés avec des thésards, C. Liozon, dans le champ des autismes, H. Leca, E. Garnier dans le champ de la criminalité, et F. Guinard, dans le champ des apprentissages des enfants en latence.
Jeux d'explorations sensori-motrices et de mantelement sensoriel : vers un jeu intersensoriel
Les jeux d'exploration sensorielle font partie des jeux typiques les plus archaïques pour tout bébé, mais ce qui caractérise les cliniques en difficulté avec le jeu, autrement dit les pathologies narcissiques identitaires, s'avère soit l'absence d'exploration sensorielle, avec un retrait, comme dans certaines formes sévères d'autismes, soit des modalités d'exploration sensorielle qui paraissent solipsistes, autosensuelles, comme on le dit couramment pour les autistes.
Une séquence clinique va d'emblée permettre de mettre en question cette approche solipsiste des autismes, au nom de l'autosensualité :
Jeu avec les sensations du medium. Réponse par le jeu comme exploration de l'interintentionnalité
Au début d'un groupe thérapeutique de peinture où je suis observatrice écrivante avec deux autres cliniciennes, Alain, enfant réputé autiste de huit ans, erre sans arrêt d'un mur à l'autre de la pièce, effleurant les murs de la main, et haletant de façon bruyante, comme s'il s'étranglait, plusieurs fois par minute. Son regard est insaisissable et il n'entre en relation avec personne au sein du groupe. Après cinq séances, il va commencer à ne toucher qu'un seul objet parmi le matériel à disposition des enfants, les rouleaux de peinture, qu'il tente en quelque sorte d'éplucher à toute vitesse en en dispersant les morceaux et en courant soudain dans la pièce.
Un premier niveau d'interprétation consiste à penser que l'enfant témoigne ainsi d'un moi qui part en morceaux, de son état de fragmentation interne typique du démantèlement. Mais un second niveau d'interprétation s'impose aussi, l'idée qu'il nous semble aussi explorer nos réactions, notamment en courant pour ne pas pouvoir être arrêté. Même si on ne peut pas le laisser éclater tous les rouleaux, nous n'intervenons pas par des actes pour l'empêcher directement de toucher aux rouleaux, ce qui l'aurait renvoyé à sa destructivité, à une supposée intention de détruire. On ne souhaite pas arrêter son premier mouvement d'exploration sensorielle du medium et je vais explorer en quelque sorte avec lui, d'abord en épluchant moi même un rouleau, pour voir ce que cela fait... et ensuite en lui proposant des matières qui donneraient des sensations analogues. D'abord du papier crépon, mais cela ne marche pas, puis à la séance suivante, des mouchoirs en papier, qu'une clinicienne déchire devant lui. Alain semble fasciné par leur légèreté et leur descente lente comme des parachutes et il va cette fois déchirer et disperser autour de lui les mouchoirs. De ma place d'observatrice écrivante, je commente avec une intonation joyeuse « Ffffffffffff, Chhhhhhhhhh, ça vole, c'est léger, ça descend doucement... ».
Une des cliniciennes lui montre alors comment rassembler les morceaux des mouchoirs sur une grande feuille de peinture, qu'elle a placée à terre. L'enfant s'arrête pour la première fois dans sa déambulation incessante, et il tourne autour de la feuille, matérialisant ainsi un premier contour-contenant et figurant un dedans et un dehors.
Cette séquence avec Alain a été fondamentale car nos interventions à la fois concrètes, corporelles et verbales ont mis l'accent non pas sur la destructivité de l'enfant mais sur notre implication dans son exploration du matériau, que nous avons accompagnée. Nous n'avons pas tenté de limiter directement sa destruction du matériel, nous ne l'avons pas obligé à prendre un pinceau et à peindre, notre proposition d'autres matériaux a implicitement renvoyé à une intention d'exploration, que nous lui avons prêtée, et que nous avons partagée avec lui.
C'est la raison pour laquelle les premières réponses des cliniciens au début des groupes ont beaucoup d'importance. Le problème est que l'enfant vécu comme destructeur va s'identifier à cette intention de destructivité qui lui est attribuée par l'autre, si le clinicien l'empêche de détruire ou exerce des formes de rétorsion à sa destructivité.
L'enfant va explorer de façon inconsciente ce qui se passe dans la tête de l'autre, et il va explorer aussi comment il se situe, comment il se présente, dans la tête du thérapeute. Cette question de l'intention se trouve au cœur de la rencontre avec l'autre sujet et est très sensible dans les débuts de groupe, notamment avec la mise en jeu d'une destructivité majeure. R. Roussillon a proposé le concept d'interintentionnalité (2014b) pour décrire ces processus et c'est bien à partir de la réponse de l'autre sujet que l'enfant va pouvoir s'envisager lui-même avec telle ou telle intention.
C'est donc l'intervention des cliniciens qui introduit la dimension du jeu dans l'exploration sensorielle : il s'agit d'explorer avec l'enfant les sensations données par le medium malléable dans sa matérialité, en proposant des petites différences au niveau sensoriel, tout en introduisant, par l'intonation par exemple, des manifestations de plaisir.
Jeux de transposition sensorielle
Pour amorcer cette dimension ludique dans l'exploration des sensations données par le medium, les cliniciens ne se bornent pas à introduire la dimension du plaisir dans un jeu partagé avec les caractéristiques sensorielles du medium malléable, mais ils proposent des jeux de transposition sensorielle : il s'agit d'opérer des transpositions sensorielles d'un mode d'expression sensoriel dans une autre modalité sensorielle, d'établir par exemple des correspondances entre les registres kinesthésique, sonore, visuel, mimogestuopostural. Ces transpositions sensorielles entre différents registres de la sensorialité constituent l'essentiel des accordages, comme l'a montré D. Stern (1985).
En voici un exemple dans une autre médiation sensorielle que la peinture, la médiation des jeux d'eau ou pataugeoire, avec bassin peu profond surmonté d'un grand miroir. Il s'agit d'une médiation individuelle que j'ai supervisée.
Au début de la prise en charge d'un enfant avec autisme sévère, une psychomotricienne alterne arrosage du dos et massages devant le miroir, combinant ainsi les sensations tactiles du dos à l'interpénétration des regards dans la glace. Comme l'ont montré Bullinger (1998) et Haag (1997), la constitution par le tactile de l'axe corporel vertical allié à la pénétrance du regard, permet de constituer un arrière fond, de mettre en place les conduites instrumentales et l'échange possible des regards. Nous avons accompagné cette première interaction entre visuel et tactile de transpositions sensorielles entre le registre tactile et le registre sonore : quand le massage s'effectuait avec une brosse dure, une orthophoniste présente l'accompagnait d'onomatopées explosives, du type « Pic, pic, pic », et quand l'enfant était massé avec une éponge bien douce, elle disait : « Tchou, tchou, tchou... ».
Il s'agit donc d'effectuer un travail de correspondance sensorielle, en associant toucher dur aux sons durs et toucher doux aux sons doux. De façon réciproque, l'orthophoniste a accompagné les émissions vocales de l'enfant de rythmes tapés avec les mains ou de frappés sur l'eau, autrement dit elle a effectué des transpositions sensorielles du registre sonore au registre kinesthésique. Elle a aussi introduit différents rythmes et différentes intensités sonores, opérant par exemple des accordages modérateurs quand l'enfant criait.
Ces transpositions sensorielles visent à une intégration sensorielle, primordiale chez les enfants autistes dont la sensorialité est démantelée : elles restituent la chorégraphie première, selon l'expression de R. Roussillon, entre la mère et l'enfant, décrite par Stern (1985). Ces accordages corporels et sensori-affectifs rétablissent, comme on le verra ultérieurement un miroir corporel, dans l'accordage des rythmes, des postures, de la gestuelle, des mimiques, des échanges sonores, accompagnés d'échanges émotionnels, destinés à rétablir la fonction de miroir en double de la relation primaire.
Jeux rythmiques de construction sensori-motrice
Afin de dégager d'autres jeux primordiaux, référence sera ici faite aux travaux de Corinne Liozon, sur la clinique des autismes. On a souvent dit que l'absence de jeu était un signe de la problématique autistique et il s'avère donc passionnant de cerner la mise en place des premiers jeux, jeux rythmiques de construction-sensorimotrice, avec les figures d'un « pulsatoire » ou d'un « oscillatoire » avec des variations. Les trois phases de ce que C. Liozon désigne comme « constructions sensori-motrices » apparaissent des préalables nécessaires à une utilisation sensorielle d'un objet médiateur, dans des groupes à médiation. Il s'agit donc de considérer les constructions sensori-motrices répétitives mises en œuvre par ces enfants dans la rencontre avec un clinicien comme des formes de langages inachevés en attente de traduction. Ces jeux de constructions sensorimotrices constituent un levier essentiel du processus thérapeutique, par la relance d'un lien intersensoriel et intersubjectif. C. Liozon distingue :
•Les constructions sensorimotrices autarciques, avec un déploiement de formes ou objets autistiques, au service d'agrippements auto-sensoriels. Il s'agit donc d'abord de restaurer des expériences rythmiques et des mouvements corporels premiers, de trouver un ajustement dans un lien rythmé. Il s'agit d'un jeu de continu/discontinu, d'éprouver des sensations dans une inter-rythmicité restaurée, sous la forme d'un maillage sensori-moteur du même et du différent.
•Les constructions sensorimotrices inclusives, avec l'utilisation du corps du thérapeute comme prolongement du corps du patient, souvent vécue d'abord comme un élément d'un rituel en cours. Le clinicien s'engage alors dans un « miroitement mimo-gestuo-postural » des productions du patient. Le contact en écho avec l'enfant entrelace des aspects fusionnels et des écarts différenciateurs, du même et de l'autre.
•Enfin les constructions sensorimotrices partagées, avec l'installation d'une rythmicité partageable. La construction sensorimotrice à deux se déploie, tour à tour inclusive où l'utilisation du corps du thérapeute se situe comme prolongement du corps du patient, puis partagée, qui amorce une rythmicité et une spatialisation du lien. Ce redoublement des actes de l'un par l'autre organise une première forme de processus entre le clinicien et l'enfant, que nous pouvons qualifier d'intersensorialité.
En conclusion, ce passage par les jeux d'explorations sensori-motrices partagées montrent l'importance de la réponse de l'environnement, soit de la réponse des cliniciens. Ce sont les accordages (Stern, 1985) de l'environnement qui permettent au bébé d'accéder aux premières formes de la symbolisation, à partir d'un partage de sensations corporelles ; cette « chorégraphie » (Roussillon, 2008) première, l'ajustement des gestes, des mimiques et des postures entre l'enfant et l'objet primaire, constitue le fond sur lequel s'établit la possibilité d'un accordage émotionnel. Dans la clinique des bébés, les sensorialités primitives deviennent donc messagères en lien avec la réponse de l'environnement. Les jeux sensoriels archaïques activent une relance de cette virtualité messagère des sensorialités primitives, qui déploient leur potentiel dans la découverte de la réflexivité de l'objet.
Les jeux rythmiques de construction sensori-motrice sont souvent le prélude d'un possible jeu avec les formes au cœur des médiations thérapeutiques.
Jeux avec les formes sensori-motrices : vers un entre-jeu formel ou vers les formes primaires de symbolisation
Pour décrire ces jeux avec les formes sensori-motrices, je vais évoquer successivement les cliniques de la criminalité, puis les cliniques de la psychose infantile et adulte, à partir d'une même médiation, la médiation picturale.
Du jeu avec les sensations hallucinées à l'amorce de l'associativité formelle
Le démantèlement sensoriel n'est pas l'apanage des seuls enfants réputés autistes, on a vu qu'on le rencontre aussi fréquemment dans la clinique de la criminalité.
Les peintures réalisées par des patients criminels incarcérés dans des unités dites « pour malades difficiles » sont décrites par ces patients en groupe avec des formulations telles que « ça bouillonne », « un tourbillon » ou « ça aspire », « ça s'effondre », « ça disparaît », « ça brûle » ou ça gèle » (Garnier & Brun, 2016).
Ce sont des vécus sans sujet, des impressions corporelles, qui s'imposent sous la forme d'un vécu hallucinatoire et correspondent à une sensation de mouvement et de transformation. Il s'agit donc de signifiants formels (Anzieu, 1987), où la forme est ressentie comme étrangère, ce qui implique une formulation sans sujet humain. L'action est ressentie par le sujet comme étrangère à lui même et elle se déroule sans spectateur.
Tout le travail thérapeutique consiste dès lors à associer groupalement autour de l'apparition de ces formes sensorielles et à donner en quelque sorte des spectateurs à ces vécus d'abord infigurables ; souvent les autres patients mais aussi les thérapeutes nomment ces vécus sensoriels, jouent avec ces représentations et cette reprise en désamorce l'impact traumatique. Dans ce cadre, le groupe s'offre comme une première mise en scène de sensations hallucinées catastrophiques, réactualisées par la dimension sensorielle de la peinture, par les sensations qui sont données dans la réalité par la matérialité du medium, par exemple des vécus de liquéfaction, d'effondrement... C'est le contact avec la sensorialité du medium qui réactive des traces perceptives d'expériences catastrophiques, du type des agonies primitives.
En même temps qu'elles se partagent au gré des échanges groupaux à propos des peintures, les sensations hallucinées au départ diffuses sont médiation picturale en prison et la tentative de rassembler les éprouvés sensoriels fragmentés. Le sujet évolue dans ce contexte d'une position de spectateur impuissant et étranger à ses propres actes meurtriers à une position active de verbalisation, dans le contexte des renvois du groupe et de sa fonction réflexive. Peu à peu, il devient aussi possible alors de relier ce fond catastrophique à un environnement dangereux et de l'associer au contexte d'un lien terrifiant avec un objet menaçant et dangereux.
Dans cette dynamique, on passe progressivement d'un sujet « hors scène » à l'émergence d'un sujet qui peut s'approprier les expériences. Ainsi, la médiation picturale fonctionne comme un attracteur de vécus d'une sorte de décomposition de la sensorialité dans le lien à l'objet et permet donc une recomposition sensorielle pour ces patients qui passe par une relance de l'activité onirique grâce au partage des sensations hallucinées, qui vont pouvoir se scénariser dans le groupe et dans les productions picturales.
Dans cette perspective, il reste à dégager les logiques de l'émergence et de la transformation des formes primaires de symbolisation, autrement dit les logiques de la symbolisation primaire, de la transformation des traces perceptives et sensorimotrices en figurable. Ces logiques sont mises en lumière par l'hypothèse centrale d'une chaîne associative formelle, essentiellement constituée de signifiants formels, à l'œuvre pour tout sujet dans le cadre des médiations thérapeutiques, dans une prise en charge individuelle ou groupale. Il s'agira de repérer l'enchaînement des formes à la fois dans les productions proprement dites, mais aussi dans l'ensemble du langage sensorimoteur des patients confrontés au médium.
Repères pour une évaluation clinique des jeux d'associativité formelle dans la clinique des autismes et des psychoses infantiles
Je vais tenter dégager les logiques dans les jeux avec les formes sensori-motrices à partir de l'exemple de la médiation picturale dans les cliniques de la psychose infantile. À partir en effet des signifiants formels répertoriés par Didier Anzieu, mais aussi d'autres « inventés » pour pouvoir rendre compte de cette clinique spécifique, j'ai précédemment proposé (Brun, 2010, 2014) de dégager trois grandes phases, dénommées la position adhésive pathologique, la position de détachement du fond et la position de figuration, selon lesquelles on peut organiser les processus autour des enveloppes psychiques, des états de base de la Matière, et des apparitions de formes. La construction d'un fond pour la représentation suppose en effet de passer d'une position adhésive à une position de détachement du fond, avant l'accès à une position de figuration. Ces positions typiques dans l'activité picturale des enfants psychotiques correspondent à des mouvements psychiques dégagés par différents auteurs, notamment Didier Anzieu, Melanie Klein et Donald Meltzer : elles ne sont pas parcourues de façon unilinéaire, mais l'enfant peut osciller de l'une à l'autre, tout en occupant telle ou telle position de façon prédominante, au fil de son évolution dans l'atelier. Chaque groupe comme chaque enfant occupe telle ou telle position, au fil de l'évolution du groupe thérapeutique, vectorisée de la position adhésive vers la position de figuration et l'acquisition d'une potentialité réflexive. Le processus de construction du fond, qui est l'enjeu de la médiation picturale pour les enfants psychotiques et autistes, renvoie à la constitution des contenants psychiques, avec une mise en place des qualités plastiques de l'enveloppe psychique. La perspective du jeu permet de préciser et de modifier cette première approche des logiques de l'émergence des formes primaires de symbolisation.
La première étape du processus de symbolisation consiste à figurer la désymbolisation (R. Roussillon, 2014a) : les jeux sensoriels avec les formes permettent de figurer dans un premier temps la décomposition de la sensorialité. C'est une phase de destruction des formes avec des processus sans sujet (ibid.).
Dans la phase des jeux d'explorations sensori-motrices et de mantèlement sensoriel, une partie des signifiants formels à l'œuvre s'inscrit sous le paradigme « Une peau commune est arrachée ». On trouve fréquemment les signifiants formels suivants : « Un trou aspire » ; « Ça s'arrache, c'est arraché » ; « Moi feuille peau trouée, arrachée » et le pictogramme de l'agrippement. Les « États de base de la matière », qui relèvent souvent d'un magma, peuvent donner lieu aux signifiants formels suivants : « Ça se déforme et se détruit » ; « Un corps se liquéfie » ou « Ça se liquéfie sans fin » ; « Ça se déforme et se détruit » et aussi « Un corps explose ». Enfin, ces jeux intersensoriels correspondent généralement à l'irréversibilité et la destruction de la forme. En voici quelques figures : « Ça se disperse » ; « Ça se dilue et s'efface » ; « Ça disparaît » ; « Ça part et ne revient pas » ou « Traces sans retour » (Haag, 1997). Dans cette phase, le fond n'est donc pas constitué au sens où les enfants ne représentent aucune forme différenciée sur un fond. Il leur est impossible de représenter des formes sur le fond de la feuille, ils peuvent déchirer, perforer la feuille ou lancer des traces sans retour. L'enveloppe psychique n'est pas constituée, l'enfant n'a pas intégré le sentiment d'enveloppe, et notamment la première enveloppe, de nature rythmique.
Dans la phase de jeux avec les formes sensori-motrices, les premiers jeux avec les formes permettent des figurations du détruit, et tout l'enjeu du travail thérapeutique sera de le transformer dans un processus de détruit/trouvé, selon le concept de R. Roussillon. Il s'agit d'une phase de jeux de transformabilité des formes, jeux de détruit/trouvé (Roussillon, 1991) avec les formes. Dans la médiation picturale, il s'agira en définitive d'éprouver la résistance et la consistance du fond, qui renvoie à l'épreuve de résistance et de consistance de l'objet, fondamentale dans le processus de détruit/trouvé (ibid.).
Un premier fond est constitué avec la possibilité cette fois d'un jeu entre figure et fond. Il s'agit de jeux avec des formes sensori-affectivo-motrices et non pas avec des formes figuratives ou représentatives. Dans cette position de détachement du fond, apparaît un fantasme de peau commune, caractérisé par les signifiants formels suivants : « Un trou se bouche » ; « Ça se recolle » ; « Une surface plane ondule » ; « Un appui résiste ». On relève ensuite, de façon tout à fait notable, une possible transformabilité des états de la matière, qui peut s'exprimer par exemple de la façon suivante : « Différenciation des couleurs et des textures » ; « Ça se solidifie » ; « Ça s'agglomère » ; « Ça s'agglutine » ou « Ça glisse ». Enfin, une réversibilité de la transformation se dessine, sous différentes formes : « Ça se colle et se décolle » ; « Ça se plie et se déplie » ; « Ça apparaît, ça disparaît et ça réapparaît ». Une mise en jeu d'une gestualité rythmique sous la forme par exemple de frappe rythmique ou de projection rythmique apparaît, souvent accompagnée du signifiant formel « Trace qui part et revient ». Ce retour possible de la trace qui devient rythmique suppose une boucle de retour (Haag, 1997) avec l'objet donc cette phase d'entrejeu formel concerne aussi les jeux intersubjectifs (voir tableau).
Nous verrons plus loin la dernière phase, celle des jeux intrasubjectifs avec réflexivité.
Cette prise en compte de l'associativité formelle, dans le jeu avec les formes sensori-motrices qui renvoient aux formes primaires de symbolisation, et notamment à la dimension heuristique des signifiants formels conceptualisés par Anzieu, permet ainsi au clinicien de déterminer des repères pour une évaluation clinique de son travail thérapeutique au fil du jeu. Ces jeux avec les formes sensori-motrices, nommés jeux d'associativité formelle, mettent donc en jeu les logiques de l'émergence des formes primaires de symbolisation, dans les jeux avec la matière et dans les formes de langage sensori-moteur qui lui sont associées.
On a constaté que les jeux sensoriels avec la matière et avec les formes donnent des formes primaires de symbolisation, dans le contexte d'une sensorialité partagée avec les thérapeutes et le groupe, donc concernent aussi l'ensemble des jeux intersubjectifs.
Des jeux de miroir sensoriel aux jeux sensori-moteurs en double : vers un jeu intersubjectif
Jeux de miroir sensoriel (visuel, sonore, tactile)
Pour Winnicott, le narcissisme primaire ne peut pas se penser indépendamment de l'objet, autrement dit de l'autre sujet : un des apports fondamentaux de sa théorisation consiste en effet à souligner la part de l'objet dans la structuration du narcissisme primaire. En introduisant la fonction des soins maternels et de la présence de l'environnement dans la construction du narcissisme premier, Winnicott « dé-narcissise la théorie du narcissisme », selon une formulation de R. Roussillon (2011), et impose un double, un « miroir » de soi qui médiatise la construction de l'identité. Winnicott réintroduit donc la part historique de l'objet-miroir premier et reconstruit le lien archaïque entre l'objet et le sujet pour décrire la configuration narcissique actuelle du sujet. Autrement dit il ne saurait être seulement un psychanalyste développementaliste mais il procède à un repérage clinique après coup des traces de l'impact sur le sujet des réponses premières des objets.
Une révolution métapsychologique considérable a ainsi été opérée par Winnicott : l'introduction de la fonction de l'objet dans la construction du soi et l'insistance sur la réponse de l'objet aux mouvements libidinaux du sujet, introduit l'idée que la pulsion est porteuse d'un message adressé à l'objet, message en attente d'une réponse de l'objet : R. Roussillon (2010, p. 97-102) propose ainsi d'accorder à la pulsion la dimension d'un sens, de la considérer comme porteuse d'une valeur de communication avec l'objet, désignée comme valeur messagère. Tel est l'enjeu objectalisant de la vie pulsionnelle et cette valeur messagère en direction de l'objet se dialectisera avec celle plus classique de décharge et de traitement des tensions, enjeu narcissique de la vie pulsionnelle.
Toujours dans la perspective winnicottienne, les réponses que l'objet primaire apportera à la destructivité du sujet permettront un processus d'objectalisation ou un retrait dans une problématique narcissique. Si en effet l'objet exerce des représailles, des rétorsions ou un retrait en réponse aux mouvements pulsionnels de l'enfant, la destruction du lien aura lieu et le narcissisme de l'enfant restera enfermé dans le solipsisme. À l'inverse, si l'objet survit aux mouvements de destructivité, s'il se montre atteint par ceux-ci sans se retirer de la relation, le lien sera maintenu avec l'objet : une topique psychique commencera à s'organiser, avec une différenciation entre l'objet interne détruit par le fantasme et l'objet externe survivant à la destructivité du sujet. On sort donc du solipsisme narcissique primaire, de l'illusion narcissique première grâce à la réponse de l'objet, qui joue de sa fonction miroir et permet son utilisation, à la source de la reconnaissance de l'altérité de l'objet. Tel est le paradoxe de la destructivité originaire (Winnicott, 1971, p. 120-131). Dans la psychose, la tendance à la destruction serait ainsi liée à un impossible détachement de l'objet primaire, car tout se passe comme si le sujet psychotique avait « expérimenté la réalité de la non survivance de l'objet », qui « réalise le fantasme de destructivité et du même coup, lui fait perdre sa localisation intrapsychique, son caractère potentiel » (Roussillon, 1991, p. 129).
Ce processus apparaît dans la séquence clinique suivante, qui rend compte d'un moment mutatif d'émergence du retrait narcissique solipsiste, dans lequel un enfant était enfermé :
Pierre, enfant de neuf ans, atteint d'une psychose symbiotique, avec des défenses autistiques, est pris en charge, dans le cadre d'un hôpital de jour, dans le cadre d'une médiation picturale individuelle, avec deux cliniciennes. Au début de son travail thérapeutique en médiation picturale, Pierre entre dans le langage, et commence à s'organiser sur le plan spatio-temporel. À l'âge de sept ans, il a connu une difficile période de grande violence, qui s'est caractérisée en particulier par des attaques corporelles répétées sur sa référente, très investie. Pierre a été placé à quatre mois dans une famille d'accueil, du fait des difficultés psychiques de sa mère, seule avec cet enfant dont le père n'était pas présent ; il vit toujours au sein de la même famille, dans un investissement réciproque, et il va de temps en temps en visite chez sa mère biologique. Le cadre de médiation picturale est animé à la fois par sa référente et par une stagiaire psychologue, choix effectué dans l'idée de réintroduire deux mères potentielles au sein de l'atelier.
Cet enfant incite rapidement les animatrices de l'atelier à fonctionner en miroir, miroir gestuel et sonore en particulier. L'atelier constitue un véritable bain sonore, qui accompagne les traces, avec un jeu de reprise et de scansion rythmée de différentes onomatopées, comptines, chansons, ainsi qu'avec un jeu de doublage des gestes et des traces picturales, de formes peintes reprises en écho, en particulier avec la stagiaire psychologue qui fut amenée par l'enfant à se positionner régulièrement à côté de lui devant la feuille. C'est dans le contexte de cette chorégraphie autour de la feuille qu'apparurent les premiers visages, après six mois ; dans un premier temps, l'enfant efface les visages en les recouvrant de peinture, il fait apparaître et disparaître ces visages en les effaçant.
Lors d'une séance particulièrement significative, Pierre représente sur sa feuille un visage et le griffe avec ses mains. Sa référente, crie alors « Aïe ! » ; Pierre rit, griffe à nouveau la feuille, en regardant sa référente, dans l'attente d'une nouvelle exclamation, puis il caresse doucement le visage sur la feuille, pour effacer les griffures. Le jeu se répète, l'enfant entre dans une grande excitation, rit et jubile. À la séance suivante, Pierre éclate de rire dès qu'il voit sa référente, il peint en la regardant un nouveau visage, le biffe, elle pousse à nouveau un cri et Pierre sans la perdre alors du regard engloutit le visage, en passant sa main sur la peinture. Pierre a ensuite poursuivi, au fil de son activité picturale, cette représentation des visages, mais les visages figurés, n'ont progressivement plus été effacés.
Cette phase de travail autour des visages a été mutative pour l'enfant car il a pu ainsi intérioriser une différence entre le visage perçu dans la réalité et le visage représenté sur la feuille : sa jubilation provient du fait qu'il peut griffer et attaquer le visage sur la feuille, réactualisant ainsi sa destructivité originaire à l'égard du visage de la mère, tout en vérifiant immédiatement que le visage de sa référente reste intact dans la réalité et que celle-ci reste bienveillante à son égard. En d'autres termes, il peut détruire le visage sur la feuille sans le détruire dans la réalité et peut ainsi accéder à la dimension du fantasme inconscient décrit par D. W. Winnicott (1971, p. 125) : « Hé l'objet, je t'ai détruit. Je t'aime. Tu comptes pour moi parce que tu survis à ma destruction de toi. Puisque je t'aime, je te détruis tout le temps dans mon fantasme (inconscient). » C'est d'autant plus important que Pierre a soudainement perdu le visage de sa mère à cinq mois, avec le placement : tout s'est donc passé comme si, en réponse à la destructivité originaire de l'enfant, le visage de la mère avait effectivement disparu dans la réalité, et que l'écart entre fantasme et réalité n'avait pas pu s'instaurer. Cet enfant avait d'ailleurs réellement essayé, deux années auparavant dans le cadre institutionnel, de mettre à mort en quelque sorte sa référente, par de violentes attaques physiques. On passe donc de « Je te tue et te détruis dans la réalité » à « Je te détruis dans ma figuration, dans mon fantasme mais tu restes vivante dans la réalité ». Le jeu avec la soignante permet donc de réactualiser l'attaque de l'objet primordial, en la transposant sur le medium : mais rien ne se serait passé si la soignante ne s'était pas montrée atteinte, et avait pu ensuite partager le plaisir de l'enfant à la toucher, à la griffer, à la biffer, sans l'atteindre toutefois dans la réalité.
Jeux de théâtralisation
La soignante renvoie en la théâtralisant la destructivité de l'enfant : c'est cette théâtralisation qui permet à l'enfant d'adresser sa destructivité dans le transfert à la soignante, donc de reprendre le processus du détruit/trouvé dans le lien à l'objet originaire. Cette théâtralisation comprend des transpositions sensorielles puisque la clinicienne transpose un geste graphique violent en cri, passe ainsi du kinesthésique au sonore. De façon générale, l'exagération mimétique du comportement de l'enfant par le thérapeute lui permet de prendre conscience de son émotion, de se « sentir senti ». Ce type d'interaction évoque des recherches récentes sur l'interaction primaire du bébé avec son environnement dans les neurosciences du développement : ainsi Gergely et Watson (Gergely, Koofs & Watson, 1999) montrent que c'est l'exagération de l'expression de l'émotion du bébé dans l'imitation parentale qui permet au bébé de saisir que c'est bien son propre affect qui lui est renvoyé par les parents. La théâtralisation du thérapeute fait ainsi prendre conscience à l'enfant de son impact sur l'environnement : de même, la disposition du bébé à exercer une prise active sur l'environnement dépend de sa possibilité de modifier l'autre et de se sentir agent du déroulement de la scène.
Cette séquence clinique rend compte du travail thérapeutique de construction du narcissisme primaire en lien avec l'objet, qui passe nécessairement par le jeu, passage obligé des psychothérapies avec les enfants psychotiques.
Jeu comme accusé de réception de messages sensorimoteurs : jeux messagers et jeux sensori-moteurs en double
Les actes de l'enfant dans le cadre des médiations thérapeutiques ne contiennent pas des messages préformés qu'il suffirait de déchiffrer en les traduisant en langage verbal, ce sont des messages sans messages et il faut en construire progressivement le sens. Le clinicien est donc confronté à des actes sans adresse, apparemment sans signification, à des actes qui vont l'affecter et aussi des actes qui laissent aussi des traces sur le matériau ; ces formes de langage constituent des tentatives d'échange et de communication avec l'objet et sont des traces d'expériences de non rencontre avec l'objet ou de rencontres insatisfaisantes. On va voir à partir d'un exemple comment le clinicien accuse réception de ces messages en leur donnant un sens par l'introduction de jeux qui ouvrent à la dimension intersubjective du travail du matériau.
Lors de son premier groupe thérapeutique de peinture, Joachim, un enfant de six ans, hurle, se débat dès que la porte est refermée, il tape surtout l'infirmière mais aussi tout ce qui passe à sa portée, arrache aussi les feuilles collées au mur, et les thérapeutes doivent l'empoigner, à plusieurs reprises pour l'empêcher de frapper les autres enfants. Dès qu'il n'est plus contenu corporellement par un adulte, tantôt il se laisse glisser à terre à côté de la porte, ou il se jette violemment par terre tantôt il recommence à taper. Si on lui présente une feuille, de peinture, il la déchire et il tente aussi d'arracher toutes les feuilles, fixées au mur.
Le thérapeute a alors l'idée de recoller au mur la feuille qu'il a arrachée, tout en évoquant sa peur que sa maman disparaisse de la salle d'attente et que tout soit éclaté et déchiré dans l'atelier. De ma place d'observatrice écrivante, je lui parle aussi de sa peur que nous puissions devenir aussi méchants qu'il nous le raconte, de sa terreur que nous l'enfermions ou le frappions. L'enfant déchire à nouveau la feuille rafistolée, le thérapeute la recolle tranquillement et commence une alternance entre arrachage de l'enfant et rafistolage des lambeaux par le thérapeute. Aux groupes suivants, s'institue une sorte de rythme, entre l'enfant et le psychologue, Joachim arrache de plus en plus doucement la feuille et attend que le thérapeute l'ait recollée pour la déchirer à nouveau...
Apparaît un processus important, au fil des groupes, les attaques corporelles vont commencer à diminuer, quand elles se transposent sur le medium de la peinture et des feuilles support : mais cette transposition n'est possible que parce qu'elle correspond à une réponse sensorimotrice du thérapeute, il recolle les feuilles arrachées calmement, c'est une intervention en langage sensorimoteur, accompagné de la théâtralisation des affects. Joachim va rentrer peu à peu dans une relation en double exclusive avec le thérapeute, relation en miroir...
Pendant quelques séances, le psychologue posera la feuille de peinture par terre, à la lisière de l'atelier, et Joachim d'abord dans le couloir collé à sa mère, rentrera peu à peu dans un jeu avec le psychologue : il vient marcher sur la feuille, le psychologue fait mine de s'avancer et Joachim se retire avec précipitation, introduisant un jeu du type « attrape moi mais je t'échappe ». Joachim acceptera peu à peu que le thérapeute dessine le contour de ses pieds sur la feuille, puis celui de ses mains. Un rassemblement corporel sur la feuille s'effectue, avec d'abord des bouts de main et de pieds, puis le psychologue peindra la silhouette de Kim entier sur une feuille, peinture que l'enfant contemple avec attention puis jubilation. Cet enfant commencera ensuite à peindre, par terre puis sur le mur tout au bord de la porte, et, finalement la mère et l'enfant accepteront que nous fermions cette porte, qui ne sera plus jamais rouverte.
Ainsi, après quinze mois de groupe, Joachim dessine des clefs et des portes, qu'il découpe, colle sur le mur avec une charnière pour ouvrir et fermer. Il joue à cacher des choses comme les ciseaux derrière sa porte de papier, qu'il ouvre et referme avec des rires. Ce n'est plus la figure d'un signifiant formel de peau arrachée mais « Une porte s'ouvre et se referme, Çà apparaît, çà disparaît et çà réapparaît ça se plie et se déplie, » ce sont les premières figurations des interrelations non destructrices avec l'autre, qui s'accompagnent d'un jeu de caché/trouvé avec les thérapeutes. Le dedans et le dehors sont constitués, les attaques corporelles ont cessé.
Les attaques corporelles témoigneraient donc d'un processus qui a dégénéré et n'a pas permis la transformation des sensations en émotions, autrement dit a empêché l'affect de se composer. Cette possible composition de l'affect est introduite par des jeux sensori-moteurs en double avec les thérapeutes.
Il s'agit de repérer de façon fine le langage sensori-affectivomoteur, que nous n'avons pas l'habitude de repérer. C'est ce repérage qui va nous inciter à saisir des messages sensoriaffectivomoteurs et à y répondre. C'est paradoxalement notre réponse qui fera advenir comme messages signifiants ces messages sans messages, messages sans contenu préalable, que nous devons faire advenir comme messages en proposant des jeux. Il faut observer les messages implicites des patients et faire advenir ces messages qui ne peuvent devenir messages que s'ils sont observés.
Jeu avec les representations et avec les mots : vers un jeu intrasubjectif avec reflexivite
Jeux d'un Je/sujet des transformations des formes et des représentations
Dans la position des jeux intrasubjectifs avec réflexivité, apparaissent de nouvelles figures, qui souvent ne correspondent plus à des signifiants formels car on ne se situe plus dans un espace bidimensionnel sans sujet et des scénarios fantasmatiques apparaissent. C'est une phase d'émergence de la constitution d'une enveloppe différenciée, qui se marque souvent par le signifiant formel « Une limite s'interpose », où « Une structure encadrante (selon une formulation d'André Green, 1993, p. 282) apparaît ». Le « Je » devient acteur et sujet des transformations, et enfin des scénarios fantasmatiques apparaissent, figurés sur la feuille et/ou verbalisés. Il s'agit donc de l'émergence de formes représentatives avec contenu figuratif.
Jeux narratifs, jeu avec la fiction
Pour finir, retour à la clinique de la criminalité pour évoquer la mise en place d'un jeu avec les mots, avec les représentations, de jeux narratifs et fictionnels, dans le cadre d'un groupe thérapeutique d'écriture.
Contrairement à ce qu'on entend parfois - l'idée qu'il n'est pas possible de demander à des détenus d'écrire des textes fictifs mais qu'il conviendrait de rester dans le registre de l'expérience concrète - mon expérience d'animation de groupes thérapeutiques en prison a montré au contraire l'intérêt de proposer une écriture de la fiction, pour pouvoir accéder à la possibilité de la figuration d'une partie de la vie psychique clivée. Un des enclencheurs d'écriture les plus féconds a été la consigne d'imaginer être un voyageur qui découvre un pays imaginaire. Voici la consigne : « Imaginez que vous êtes un voyageur qui découvre un pays imaginaire et racontez votre voyage dans un récit écrit avec le Je, pour vous désigner. Vous pouvez tout inventer, la géographie de ce pays, les particularités de ses habitants, les particularités ou les bizarreries de ses habitants, enfin les caractéristiques étranges ou fantastiques de ce pays étranger. » Les patients découvrent progressivement au fil des textes et des associations groupales qu'ils explorent comme une terre étrangère leur propre monde interne.
Voici l'exemple d'un détenu d'une trentaine d'années, assis à mes côtés, à l'apparence est glaciale, il me dévore des yeux et semble boire mes paroles, et je me sens rapidement « vampirisée » : il se présente au groupe en disant qu'il a commis un meurtre et qu'il attend son procès. Il devient Attila, dans son premier voyage imaginaire en écriture.
« Il était une fois dans une province reculée d'Asie un homme qui fit trembler le monde entier, et plus particulièrement la grande Rome en Italie... Je m'appelle Attila le grand et je pars à la conquête de Rome avec mon armée d'une force de trente mille hommes de valeureux guerriers. Ils s'appellent les Huns, je suis leur chef suprême et je me suis juré de détruire et de m'emparer de Rome... Les Romains ont peur de moi et m'ont surnommé le fléau de Dieu... Je me suis juré de devenir le maître du monde... Je crie en brandissant mon épée à la main sur mon cheval en galopant tête baissée vers l'ennemi que nous tuons un par un jusqu'au dernier... ».
Le patient semble véritablement halluciné quand il lit son texte, texte remarquable qui à la fois impressionne le groupe, à la fois fait un peu rire les autres détenus, et cela signe pour le patient projeté sur la scène du groupe un début de jeu avec la destructivité totale ... Cette identification du détenu à Attila « le fléau de Dieu » met certes en scène un fantasme de toute puissance destructrice, mais il figure aussi un anéantissement radical, ce que je formule à Pierre de façon imagée en rappelant la fameuse formule d'Attila : « Après moi, l'herbe ne repousse pas ! ». Derrière l'omnipotence, la terreur de l'anéantissement, derrière la politique de la terre brûlée, une figuration d'un vécu de mort psychique, une agonie primitive. Pas d'autre moyen pour posséder l'objet que de le tuer : détruire et s'emparer de Rome renvoie au mortifère de la rencontre première avec une figure maternelle archaïque ; Balier (1997, p. 213) évoque le « meurtre d'un représentant de l'objet primaire » comme « un moyen de la maîtriser et de la garder pour soi, sinon de l'incorporer ». On pourrait aussi ajouter que ce que figure le patient, c'est un objet meurtrier qui, tel Attila, détruit tout : la terre mère est une terre brûlée.
Tous les ingrédients de la symbolisation par le jeu spécifique des médiations thérapeutiques apparaissent ici, : jeu avec les mots, transfert sur le groupe (il est le chef des Huns du groupe), réactualisation de terreurs primitives et amorce de figuration de ces vécus impensables de destruction totale, réactualisation au demeurant proche de l'hallucinatoire, apparaissant sous la forme de vécus sensorimoteurs, ici brandir son épée et galoper tête baissée. Cependant le patient dans cette premier texte proche de l'hallucinatoire ne joue pas mais ce sera les échos du groupe qui introduiront peu à peu la dimension du jeu.
Les réactions et associations des autres détenus introduisent en effet le rire, le plaisir du partage d'affect. La restauration groupale de la capacité d'empathie et de la possibilité d'éprouver du plaisir dans les jeux avec les mots, la fiction, sera en en effet un des axes majeurs du travail qui s'effectuera, au sein d'un groupe à médiation avec partage du plaisir de penser et de jouer avec les mots et les images en groupe, ce qui est lié au sentiment de se rendre satisfaisant pour l'autre, de découvrir l'impact de ses productions sur les autres, sans passage par l'acte.
L'ensemble des jeux sériés dans cette contribution et résumés dans le tableau ci-dessous ne saurait être exhaustif : il indique seulement une dynamique générale à l'œuvre dans les dispositifs de médiations thérapeutiques sensorielles pour les cliniques des pathologies narcissiques identitaires. Dans un autre contexte, celui des groupes à médiations thérapeutiques, cette perspective d'évaluation du processus thérapeutique par le jeu a aussi été développée par F. Guinard, à partir de sa clinique d'enfants à l'âge de latence, en difficulté d'apprentissage (Guinard & Brun, 2016a, 2016b). Le modèle du jeu permet un travail thérapeutique axé autour du retour dans d'un non intégré dans la subjectivité. C'est pourquoi il implique la référence au second modèle de l'hallucination de Freud en 1937, dans « Constructions en analyse », quand il décrit le possible retour hallucinatoire dans la cure d'un « vu ou entendu à une époque précédant l'apparition du langage verbal », le retour d'un vu ou d'un entendu dans la première enfance, d'un non intégré dans la subjectivité. Cette réactualisation hallucinatoire se trouve au centre du travail thérapeutique avec des médiations, comme l'a montré l'importance de la réactualisation de sensations hallucinées qui se mettent en forme dans des formes primaires de symbolisation.
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Recebido em 14 de junho de 2018
Aceito para publicação em 14 de julho de 2018
1 Ce travail d'évaluation s'inscrit dans le sillage des ouvrages intitulés Manuel des médiations thérapeutiques (Brun, Chouvier & Roussillon, 2013) et Evaluation clinique des psychothérapies psychanalytiques. Dispositifs individuels, groupaux et institutionnels (Brun, Roussillon & Attigui, 2016).